Économie

Mettre en valeur le travail des éleveurs

 
Le Dossier

Marie-Mélaine Berthelot

Pour que l'activité pastorale soit durable, il faut aussi assurer la vente, et le prix juste.
Pour faire savoir la qualité des produits et du travail, on peut utiliser les circuits courts, le marketing, l'événementiel, etc. Les espaces naturels peuvent activer ces leviers-là aussi.

La LPO Vendée a réalisé une exposition photo pour mettre en valeur des agriculteurs respectueux de la biodiversité, leur conviction et leur savoir-faire.

La LPO Vendée a réalisé une exposition photo pour mettre en valeur des agriculteurs respectueux de la biodiversité, leur conviction et leur savoir-faire.

Écologues et éleveurs ont tous les deux besoin que l'activité pastorale soit pérenne. C'est la philosophie de Stéphane Hippolyte, qui anime Pasto'Loire, pour le CEN Centre-Val de Loire. « Ces éleveurs ont déjà fait le choix de sortir des circuits classiques de la grande distribution. Ils élaborent des circuits courts et transforment eux-mêmes leurs produits. Ils s'en sortent bien par le bouche à oreille. Plutôt que de vendre à 5 ou 6 euros le kg, ils font des caissettes directement au consommateur à 10 ou 12 euros le kg. « Cela demande un peu de logistique et de formation. » L'idée d'une marque Agneaux de Loire avait été évoquée pour permettre une reconnaissance, puis abandonnée.

Même abandon du côté de la Maison de la transhumance à Saint-Martinde-Crau. Patrick Fabre, son directeur, raconte qu'il a aussi renoncé à cette idée, car il semblait difficile pour l'éleveur comme pour le consommateur de se retrouver dans tous ces labels et marques existants. Dans le sud aussi, la clef, ce sont les circuits courts. Les jeunes éleveurs se disent, à juste titre, « le meilleur argument de vente, c'est moi ». En vendant chez eux ou dans des lieux collectifs, ils s'en sortent mieux, à condition d'être équipés et organisés. Par contre, pour que l'action soit payante, il vaut mieux être situé en zone péri-urbaine ou sur un passage touristique.

La Maison de la transhumance, avec l'Agence régionale pour l'environnement et le CEN de Paca, a aussi travaillé à valoriser la laine Mérinos d'Arles. Le projet prend maintenant forme, avec un partenaire qui fabrique des vêtements techniques pour la randonnée et les sports de nature. Pour toucher les clients potentiels tout en soulignant le lien entre paysage et élevage, ils ont eu une idée originale : un itinéraire de randonnée va être créé. La Routo (www.larouto.eu) va traverser trois PNR, le Parc national du Mercantour et le Parco naturale Alpi Marittime, valorisant l'aspect patrimonial et transfrontalier de cette production.

C'est encore la réflexion sur la valorisation des produits et des savoir-faire que Ipamac (Inter-parc Massif Central) anime. « Les AOP reposent sur une notion de terroir, mais il n'y a pas d'exigence liée à la préservation des écosystèmes, confirme Marie Bonnevialle, chargée de mission biodiversité. Pour que les ressources naturelles soient un atout économique, il faut travailler avec l'aval de la filière. La logique est de créer des ponts entre gestion de milieux et valeur économique des produits. » La recherche et le développement agricole sont mobilisés avec des partenaires comme le Conservatoire botanique national du Massif Central et le pôle fromager AOP Massif Central, pour avancer sur les liens entre biodiversité, systèmes d’élevage et qualité des produits. Un groupe herbe Massif Central a été constitué.

« À terme, il voudrait créer un groupement et associer des partenaires scientifiques et techniques, des coopératives, des transformeurs, des grandes surfaces. Cela permettrait une meilleure valorisation économique des produits et services issus des ressources herbagères et pastorales du Massif Central ». La LPO Vendée, sous l'impulsion de son président-paysan, Frédéric Signoret, mène aussi des actions pour soutenir l'élevage sur son territoire. Il investit même financièrement pour installer des exploitants sur des zones Natura 2000. De même que pour Pasto'Loire, l'idée est que l'espace naturel géré est dans son rôle quand il s'inscrit dans une logique sociale de bien-être et de création d'emploi. « Avec des AMAP, des associations comme Terre de liens, ou Nature et Progrès, nous sortons de la démarche espace protégé pour voir plus large. Installer un paysan, c'est agir pour la conservation de la biodiversité d'un territoire sur le long terme. Il faut rapprocher biodiversité et enjeux sociaux. »