Déridez vos colloques, ça fait du bien !
Quand avoir recours à des comédiens lors d'un colloque ou d'un séminaire ? Qu'apporte ce côté ludique aux rencontres professionnelles ? Deux compagnies qui pratiquent nos réseaux depuis plus de dix ans répondent.
Il peut y avoir différentes formes d'interventions lors de rencontres professionnelles, mais quelles qu'elles soient, les deux buts seront, grâce à l'humour :
• de rendre la journée plus digeste,
• de donner une bonne image de la structure organisatrice.
Deux points essentiels à la réussite de l'événement.
Le point clef, c'est le rire. On partage un moment de rire, et c'est gagné. Un peu de dérision et de second degré pour alléger la succession des présentations, c'est souvent bienvenu. Christian Goichon, des Brasseurs d'idées (qui étaient notamment aux rencontres des observatoires de la biodiversité à Rochefort en 2014), précise : « On casse les habitudes, on permet aux participants de porter un regard neuf sur les problématiques. » « Ça peut même servir à faire passer la pilule dans certains cas », confirme Julien Masdoua, de la Compagnie du Capitaine (que vous avez pu voir au Congrès RNF de l'an dernier à Argelès-sur-mer).
DES RESPIRATIONS GAIES
Les acteurs peuvent venir pour jouer une saynète sur mesure, préparée à l'avance. Ce qui permet de faire passer un message de façon plus ludique qu'une présentation. Mais ce qui marque encore plus les esprits, ce sont les interventions basées sur l'improvisation. Par exemple, en plénière, un conférencier crédible commence à déraper, puis dérape franchement, et c'est la lourdeur du protocole qui s'envole. Là, Christian Goichon parle de théâtre invisible.
On part du réel - d'ailleurs les acteurs doivent bien travailler leur sujet pour être crédibles - pour éclairer des contradictions ou des postures propres aux participants. Mais les interventions peuvent aussi être pratiques : les acteurs guident le public lors des pauses ou à la mise en place des ateliers, de façon légère et gaie. Enfin, l'improvisation pure, pendant laquelle le public met sur papier des sujets pour les acteurs, est toujours un moment réussi, puisque très spontané. Dans ce cas les acteurs ont participé aux événements et puisent dans ce qu'ils ont vu et entendu pour rebondir. Un moment de complicité fort qui marque les esprits.
« Avec l'impro, ce qui est bien, c'est que tout le monde est content. On a carte blanche, on va même se moquer des organisateurs ou des supérieurs hiérarchiques. Les salariés vont adorer sentir que quelqu'un fasse ressortir ce qu'ils pensent. Ils sentent qu'ils ont un porte-parole. Les deux parties ont l'impression d'avoir raison, ça fait du bien », raconte Julien Masdoua. Un investissement gagnant en termes de capital sympathie qui ne fonctionne qu'à une condition : il faut laisser carte blanche aux artistes. « La clé de la réussite, c'est d'abord l'instauration d'une confiance réciproque », précise Christian Goichon.