Technicien agri-environnement : le pilier de la collaboration
Espaces naturels n°54 - avril 2016
À mi-chemin entre l'espace naturel et les agriculteurs, le technicien agri-environnement travaille à faire converger économie et écologie.
Le technicien (ou chargé de mission) agri-environnement a toute sa place dans un espace protégé. Ce sont en effet les agriculteurs qui sont les principaux gestionnaires de l’espace ; selon les enjeux et le type d’agriculture pratiqué, ils sont des acteurs incontournables. Dans le Parc national des Cévennes comme dans le Parc naturel régional de la Forêt d’Orient (PNRFO), les milieux ouverts riches en espèces (prairies humides, pelouses sèches, landes, etc.) n’existent que par l’activité pastorale extensive, les prairies naturelles de fauche allient richesses agronomique et écologique, les châtaigneraies méditerranéennes sont plus intéressantes lorsqu’elles sont entretenues pour la récolte... En résumé, les paysages actuels et leur biodiversité ont été façonnés par l’activité des générations de paysans.
En Forêt d’Orient, l’enjeu est de taille puisque le territoire du Parc a perdu 40 % de sa surface en herbe en vingt ans ! Le métier de technicien agri-environnement requiert diverses compétences : savoir écouter, être un bon médiateur et savoir se faire entendre par les partenaires, avoir de bonnes bases d’écologue pour pouvoir évaluer les impacts environnementaux, positifs et négatifs, de l’activité agricole et bien connaître le contexte agricole local, les politiques agricoles, la réglementation et les solutions envisageables. Siméon Lefebvre (Parc national des Cévennes) s’est orienté sur ce poste en 2013 après avoir été garde-moniteur.
En termes d'organisation, le poste est rattaché au pôle agri-environnement du service développement durable. Christine Mathieu (PNR Forêt d’Orient), quant à elle, exerce ce métier depuis quatre ans après avoir travaillé onze ans dans des organisations professionnelles agricoles. Les missions du technicien agri-environnement sont multiples :
• établir une relation de proximité et de confiance avec tous les agriculteurs du territoire (une relation réciproque qui s’inscrit forcément dans la durée) ;
• accompagner les agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et durables.
Dans un parc national, les missions suivantes viennent se rajouter :
• missions régaliennes : instruire des demandes d’autorisation pour les travaux agricoles soumis à la réglementation du parc (demande de défrichement, création de piste agricole, nouveaux labours, etc.), police administrative ;
• gérer, par convention avec des éleveurs, les terrains agricoles propriétés de l’établissement public.
Dans un parc naturel régional, la principale mission est de participer à la préservation de l’élevage extensif pour préserver les prairies naturelles.
Nous sommes loin de l’opposition entre protecteurs de la nature et agriculteurs. Notre but est d’aller vers des systèmes de production où l’économie et l’écologie sont toutes les deux gagnantes, en utilisant différents outils, dont les MAEC (cf. article du CPIE des Causses méridionaux) et le concours général agricole des prairies fleuries. Le PNC met également en œuvre un programme européen sur le pastoralisme (cf. Life+ Mil’Ouv ci-après) et un travail d’accompagnement sur la
gestion du risque parasitaire dans les troupeaux minimisant l’impact sur la faune auxiliaire - action amenée à se développer, en particulier au niveau du suivi scientifique des coléoptères coprophages (cf. article parasitisme d’Emmanuel Thebaud).
Le PNRFO développe l’agriculture biologique et participe à la mise en œuvre d’une marque Parc pour la viande bovine et ovine pour encourager les pratiques extensives et apporter une plus-value économique.