Question à Bernard Pont
Bernard Pont,pourquoi les systèmes alluviaux échappent-ils à une évaluation fondée sur un système de référence ?
Les milieux alluviaux se présentent comme des systèmes ouverts, caractérisés par des flux importants. Ces flux ne sont pas uniquement unidirectionnels, de l’amont vers l’aval : le concept d’hydrosystème fluvial a mis en évidence l’importance des échanges bidirectionnels entre les différents compartiments (chenal/plaine alluviale/milieu souterrain). En outre, les variations incessantes des différents flux, à un rythme quotidien ou saisonnier, et un pas de temps décennal à séculaire induisent un perpétuel ajustement du système.
Par ailleurs, les acquis récents de la géomorphologie fluviale ont mis en évidence le processus de métamorphose fluviale et montré que, sur une même section, les cours d’eau péri-alpins alternent, à un rythme pluriséculaire, un faciès à méandres et un faciès en tresse. On n’oubliera pas aussi que, depuis la fin du 19e siècle, plusieurs actions humaines se conjuguent pour diminuer les possibilités de renouvellement des formes fluviales : les politiques de lutte contre l’érosion (restauration des terrains de montagne), puis les extractions de granulats ont profondément diminué la quantité d’alluvions injectée dans les bassins versants. Les endiguements généralisés ont, aussi, considérablement diminué les possibilités d’expression de la dynamique fluviale.
Ce constat pose une question majeure en termes d’évaluation de l’état de conservation, celle de la définition d’un état de référence.