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Participer au Birdfair

 
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Le célèbre salon rassemble chaque année plusieurs milliers d'ornithologues britanniques et offre un moyen efficace de promouvoir son offre de tourisme naturaliste. Le réseau des Parcs naturels et plus récemment la LPO y tiennent un stand.

Le stand des Parcs naturels régionaux de France au Birdfair.

Le stand des Parcs naturels régionaux de France au Birdfair.

Évasion, détente et loisirs, gastronomie, patrimoine constituent les axes classiques qu’adoptent les stratégies de développement touristique en France. Si la nature peut, à l’occasion, être abordée dans certains de ces items, elle ne constitue que rarement encore un angle par lequel faire découvrir un territoire. Les temps changent cependant, à mesure que se forge la notion de « tourisme naturaliste », ou tourisme de nature, une pratique qui s’intéresse autant, sinon plus, à la perspective de voir une espèce rare ou un milieu naturel spécifique qu’à celle de visiter le château local. Au Parc naturel régional (PNR) de la Brenne, qui favorise de longue date le tourisme ornithologique, l’on observe cette évolution des pratiques : « Jusqu’à présent, les gens qui venaient ici observer les oiseaux étaient surtout des spécialistes, mais on accueille de plus en plus de jeunes amateurs », souligne ainsi Géraldine Chancel.
Si le tourisme naturaliste est abordé depuis longtemps par les PNR, « c’est la grande thématique en ce moment dans notre réseau, poursuit la responsable du pôle tourisme, d'autant que la prise de compétence du tourisme par les communautés de communes nous amène à nous recentrer sur des sujets spécifiques, comme celui-ci ».

The place to be

Le PNR de la Brenne ne s’y est pas trompé, pour trouver de nouveaux clients en matière de tourisme ornithologique, autant se tourner vers un public particulièrement féru : les Britanniques. Voilà pourquoi son équipe participe depuis bientôt 20 ans au British Birdwatching Fair, probablement la plus grande rencontre naturaliste mondiale. Où l’on saisit vite la passion de nos voisins d’Outre-Manche pour l’observation des oiseaux, mais aussi le potentiel d’activité touristique qu’elle recèle : au cours de ce salon organisé chaque année au mois d’août près de la Réserve du Lac du Rutland, à proximité de Leicester (160 km au nord de Londres), 22 000 personnes en moyenne défilent devant les stands de près de 500 exposants (majoritairement des institutions et acteurs touristiques privés mais également des associations, vendeurs de matériel, etc.) issus de plus de 70 pays. Le ticket d’entrée s’élevant à plus de 10 € la journée, les acteurs touristiques venus promouvoir leur territoire au Birdfair sont sûrs de rencontrer un public à la fois passionné et plutôt aisé, sinon aux moyens suffisants pour envisager de partir en voyage et apercevoir l’oiseau rare.

« En France, la LPO compte 45 000 adhérents, son homologue au Royaume-Uni, la RSPB1 en a 1,2 million ! (pour une population équivalente, ndlr), souligne Géraldine Chancel. Et on sait par ailleurs que les Britanniques apprécient le patrimoine et la gastronomie française. Un séjour en Brenne, c’est à la fois observer des oiseaux, se promener sur des petites routes de campagne, et déguster les vins de Loire. »

Do you speak English ?

C’est Tony Williams, animateur à la LPO en Brenne et d’origine anglaise, qui a très tôt sensibilisé le PNR de la Brenne à l’intérêt de séduire les touristes anglais. « Le potentiel en France pour les touristes britanniques est très grand !, s’enthousiasme-t-il, mais il reste sous-exploité. Il existe des voyages organisés mais cela ne concerne qu’une partie des naturalistes britanniques car beaucoup veulent voyager par leurs propres moyens. » Preuve du manque de conscience du potentiel en jeu : la modeste présence des acteurs français au Birdfair. « La France n'est présente qu'au moyen de deux stands, celui des PNR, qui vient promouvoir cinq à huit territoires volontaires et celui de la LPO depuis cette 2017 », constate Yves Vérilhac, directeur de la LPO qui participe depuis deux ans au grand raout. « À l’inverse, chaque région espagnole est présente avec son propre stand » s’étonne encore Géraldine Chancel. Les PNR français entretiennent tout de même leur visibilité puisqu'ils organisent une conférence qui chaque année rencontre du succès.
Alors, comment favoriser la venue de touristes britanniques, comment préparer sa participation à un salon comme le Birdfair ? La « barrière de la langue » reste un frein à dépasser rappelle Yves Vérilhac. Projeter de tenir un stand au Birdfair nécessite ainsi qu'au moins une personne au sein de l'équipe puisse renseigner le public, avec suffisamment de précision, sur les spots ornithologiques de son territoire et sur les possibilités d'hébergement. La question de la langue se pose aussi bien sûr pour les relais touristiques français locaux (offices de tourisme, etc.) ainsi que les hébergeurs qui gagneront, précise Géraldine Chancel, « à être sensibilisés aux attentes et habitudes des naturalistes, britanniques en particulier, qui se lèvent à 5 heures pour partir en observation et reviennent à 10 heures pour prendre un vrai petit-déjeuner complet ». Sur ce point, l'expérience des propriétaires de « gîtes panda », créés par les PNR et le WWF et destinés notamment à un public intéressé par l'environnement et la biodiversité locale, peut être une source d'inspiration.
En termes d'attente naturaliste, « la clientèle britannique veut voir en France des espèces qu'elle ne voit pas chez elle ». La chargée de mission du PNR de la Brenne poursuit : « Les territoires qui visent ce public doivent donc connaître les espèces qu'on trouve au Royaume-Uni et croiser l’information avec ce qu'on trouve chez eux pour mettre en avant leur potentiel dans les documents de communication. Prenez le Grèbe à cou noir ou la Pie-grièche écorcheur, on ne les trouve pas en Angleterre par exemple. » Libellules et papillons attiseront également la curiosité des Britanniques.

Réseau

Le public du Birdfair s'avérant assez âgé, le support papier reste d'actualité pour faire la promotion d’un territoire. Les ressources « manquent encore dans ce domaine » pour présenter les principaux spots ornithologiques français, constate Yves Vérilhac qui travaille à combler cette lacune en produisant des documents pour les prochaines éditions du salon britannique. De son côté, Géraldine Chancel, qui coordonne la présence des PNR au Birdfair, élabore un document type décrivant l'offre de tourisme ornithologique dans les parcs naturels régionaux. Une collection de 12 livrets « Where to Watch Birds and other Wildlife in Regional Nature Parks » est disponible en téléchargement sur le site internet de la fédération des PNR de France. Ces livrets mettent en avant les spots d’observation et les espèces d’oiseaux associées que les Britanniques recherchent. Des applications pour smartphone sont aussi en cours de conception. Faire des PNR un réseau dans lequel projeter des séjours ciblés ornithologie, sans oublier de profiter du reste, voilà donc l’affaire du moment. « On s’aperçoit que les touristes britanniques voyagent selon un axe nord-sud, souvent en visant la Camargue. L’idée est donc de leur proposer un panel d’espèces et de territoires à découvrir en route », analyse Géraldine Chancel. Au delà des PNR, c’est donc un réseau plus diversifié encore, associant d’autres espaces où observer des oiseaux, qui pourrait être suggéré aux touristes britanniques. Et ce, d’autant plus que les ornithologues britanniques, selon Tony Williams, souhaitent généralement ne pas séjourner au même endroit d’une année sur l’autre : « Des territoires comme la Lorraine par exemple, absents des programmes des tour opérateurs, mériteraient d’être davantage promus. De même qu’il faut expliquer aux touristes étrangers qu’on peut voir des Grues cendrées ailleurs qu’au lac du Der dont tout le monde parle tout te temps : en Brenne, en Lorraine ou dans les Landes de Gascogne, on peut les voir aussi ! »
Voilà donc plusieurs pistes pour étoffer son offre touristique à destination des Britanniques. Mais le public belge, néerlandais ou allemand (800 000 adhérents au Nabu, l'homologue germanique de la LPO...) mériterait lui aussi d'être mieux appréhendé.

 

 

(1) Royal Society for the Protection of Birds