Observateurs-explorateurs

La nature, une aventure collective

 
Le Dossier

Pas nécessaire d’être un grand naturaliste pour apporter sa pierre à un réseau d’observateurs. En Caps et Marais d’Opale, bien accompagnés par les professionnels de la nature, ces néo-aventuriers du quotidien sont aussi une précieuse source d’informations.

Pas de compétence ni de connaissance particulière à avoir pour faire partie du réseau d'observateurs du Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale, c'est le nombre qui fait la force de l'information.

Pas de compétence ni de connaissance particulière à avoir pour faire partie du réseau d'observateurs du Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale, c'est le nombre qui fait la force de l'information.

À l’heure où l’évocation de la nature tient une place prépondérante dans nos sociétés, paradoxalement il semble difficile d’amener le public à développer son approche naturaliste. Pourtant ce public existe. Au gré des rencontres, on ne cesse de recueillir des témoignages presque banals, mais auxquels il faut donner une grande valeur : « Je m’intéresse beaucoup à la nature » ; « J’aime la nature » ; « La nature, c’est important ». En creusant un peu, on s’aperçoit que beaucoup de ces amateurs de nature sont observateurs de leur environnement proche. En alimentant la mangeoire du jardin, les uns se familiarisent à la reconnaissance des oiseaux, d’autres, depuis le potager, surprennent quelques papillons communs... Parce que cette approche est quotidienne, ordinaire, dans la « nature des choses » pourrait-on dire, on devine sans peine un immense vivier de regards.

 

Le réseau régional des observateurs du Parc naturel des Caps et Marais d’Opale répond à ce constat. Le réseau fonctionne suivant quelques principes fondamentaux. Pas de compétence ni de connaissance particulière à avoir, juste un respect de la personne, quoi qu’elle puisse apporter. C’est le nombre qui fait la force de l’information et pas forcément la qualité « naturaliste » de ce qui sera restitué. La rareté, la patrimonialité ne sont pas des objectifs, mais plutôt, juste ponctuellement, une aléatoire récompense.

 

De là découle une seconde idée : on ne cherche pas à construire un réseau naturaliste sur les schémas traditionnels, les associations s’en chargent. Pour faire fonctionner un réseau d’observateurs, l’animation est fondamentale : il s’agit de stimuler, interpeller, relayer, transmettre mais aussi de remercier en toute simplicité. En dehors de temps physiques de rencontres, l’animateur est aussi un communicant. D’une observation anodine, il tente d’extraire de l’originalité (par exemple : « C’est la première fois qu’on nous fait part de l’observation d’un bouvreuil sur votre commune. »). C’est aussi lui qui forme les observateurs. Il est enfin le traducteur d’une nature plus complexe et parfois moins accessible : quand il le faut, il vulgarise. La place de l’animateur est centrale, pourtant, et c’est toute la difficulté, elle ne doit pas être exclusive ni envahissante.

 

Une autre originalité du réseau des observateurs en Caps et Marais d’Opale tient à la richesse des échanges en son sein. Une méthode originale de planification des sorties a été développée, en croisant l’idée qu’il existe des communes faiblement renseignées (en nombre de données naturalistes) avec la possibilité d’être accueilli par un observateur. Conduire un groupe là où on ne sait pas grand-chose en étant guidé sur les chemins par l’observateur/habitant (naturaliste ou pas) est une véritable source de réjouissance pour l’animateur comme pour le bénévole. La nature, même ordinaire, devient un lieu permanent de découverte. L’observateur devient explorateur. Un milieu qui serait insipide pour le savant en quête de rareté prend au contraire de la saveur pour notre néo-aventurier. C’est ici que naît le ciment d’un collectif : en permettant à un groupe hétérogène d’individus de se définir autour de ressentis universels.