Les métiers que l’on n’attendait pas

 
Les plus pratiqués ne sont pas les plus en vue

Espaces naturels n°24 - octobre 2008

Le Dossier

André Léchiguero
Aten
Michelle Sabatier
Aten
 

Les « métiers de la nature » reflètent une très grande diversité de professions • La représentation populaire du garde à cheval n’est qu’une image d’Épinal• Travailler au service de la nature, du paysage et de la biodiversité n’est pas réservé aux personnes issues d’une filière scientifique en lien avec l’écologie.

Dénombrés par l’Ifen, le nombre d’emplois « au service de la nature, du paysage et de la biodiversité » est estimé à partir des dépenses effectuées pour la protection et la régénération des espèces animales et végétales, des écosystèmes et des habitats ainsi que des paysages naturels et semi-naturels (cf. tableau ci-contre). Pour ce faire, sont pris en compte les chiffres d’affaires des entreprises (pour le privé) et les budgets de l’État, des collectivités et associations (pour l’emploi public et non marchand).
En 2006, l’Ifen estimait à 18 100 environ le nombre d’emplois dans ce domaine ; soit 5 % seulement du secteur global de « l’environnement » où les « gros employeurs » relèvent des domaines des eaux usées, des déchets, des pollutions (air, sols, bruits) et des risques naturels.
Au sein de ces activités, un quart seulement concerne la gestion « patrimoniale » de l’espace.

Les familles de métiers. Ainsi, dans les réseaux à vocation de gestion patrimoniale1 des espaces naturels en France, plus de 400 employeurs embauchent autour de 3 500 personnes (5 000 si on inclut les sites Natura 2000 qui regroupent près de 1 000 employeurs dont un tiers de collectivités).
Les familles de métiers des espaces naturels sont complexes puisqu’elles recouvrent : l’accueil, la communication, l’animation et la pédagogie environnementale, la documentation, l’assistance administrative et le secrétariat, la gestion administrative, juridique et financière, le management, la logistique, la géomatique, l’informatique et la gestion de bases de données, la connaissance, la gestion et la valorisation du patrimoine culturel, la gestion de secteurs géographiques ou de domaines publics ou privés, l’entretien et les travaux, la surveillance et la police de la nature, l’aménagement, l’urbanisme et l’architecture, l’animation de territoire.
On peut être garde du littoral, écogarde d’un parc naturel régional, garde-moniteur d’un parc national, l’appellation de « garde forestier » est devenue « agent patrimonial », etc. Mais si le « garde » (on en compte un peu moins de 1 000 en tout) est une figure emblématique dans l’esprit du public, il est très loin de résumer la diversité des compétences et des activités mises en œuvre.

Au Top 10 des offres d’emploi.
Un échantillonnage des offres d’emploi récentes permet de mesurer les types de métiers et les niveaux de qualification exigés.
En quatre mois - du 1er décembre 2007 au 31 mars 2008 -, 130 offres d’emplois ont été publiées par les organismes gestionnaires d’espaces naturels.
Quatre profils trustent 61 % des offres. La catégorie des chargés de missions en représente à elle seule 44 %, qui se répartit en deux sous-ensembles :
w Les chargés de mission de gestion et de préservation des espaces et des espèces (27 % des offres) recrutés à bac +5 avec une formation en écologie appliquée, eau, milieux aquatiques, gestion des espaces naturels et plus rarement en développement local. Une première expérience est souvent requise afin de s’assurer que les candidats disposent des compétences en gestion de projets complexes, de proposition de programmations stratégiques et d’animation d’équipe. Parmi eux, les chargés de mission patrimoine naturel (13 %) et les chargés d’études (14 %) sont très demandés. Les chargés d’études ont une formation bac +2 ou +4, dans les domaines de l’écologie appliquée, phytosociologie, botanique. Ils sont recrutés pour réaliser les inventaires de terrains, des diagnostics écologiques, et encadrer les travaux de restauration du milieu naturel.
w Les chargés de mission développement (17 %) constituent le deuxième profil le plus recherché. Les profils types sont des personnes ayant un bac +5 sur une de ces thématiques, dotés d’une bonne connaissance des enjeux et des acteurs ruraux, et du fonctionnement des collectivités locales. Derrière cet intitulé, se cache une diversité de missions, tournant principalement autour des questions de développement agricole ou forestier et de la valorisation touristique, culturelle ou économique
du territoire. À noter, l’arrivée discrète mais réelle des emplois liés au développement durable avec la promotion des énergies renouvelables et de l’écoconstruction.
w Viennent ensuite les profils administratifs (9 %) au sein desquels les postes de direction sont régulièrement recherchés : des directeurs et adjoints ayant bac +5 ou plus, assortis d’une expérience d’au moins cinq ans et développant des compétences de management, de gestion financière, de relationnel avec les élus et administrateurs.
w Les animateurs (8 %) constituent le dernier noyau dur du marché des compétences dans les espaces naturels. Ils sont recrutés avec un BTS ou une licence professionnelle voire avec une spécialisation dans l’animation touristique (sports de pleine nature), la médiation culturelle ou la sensibilisation au milieu naturel.

1. Préciser exactement quels sont les espaces naturels à vocation patrimoniale n’est pas une chose aisée. Par convention, nous compterons parmi eux : les parcs nationaux, les parcs naturels régionaux, les sites du Conservatoire du littoral, les Grands sites de France, les réserves naturelles nationales et régionales, les conservatoires d’espaces naturels, les espaces naturels sensibles, les réserves de chasse et de faune sauvage, les forêts de protection, les zones classées Natura 2000… tous ces espaces étant susceptibles de générer des « équivalents emplois » pour assurer leur gestion.