Minimiser les risques

 
Garde moniteur en montagne

Espaces naturels n°24 - octobre 2008

Le Dossier

Patrick Morillon
Membre du bureau des guides de la Grave (hautes-alpes). Depuis douze ans, il intervient comme formateur dans le cadre de la formation initiale des métiers sportifs de la montagne au sein du centre régional européen du tourisme

 

La sécurité1, c’est un leitmotiv pour les gardes en montagne qui cherchent à minimiser tout risque d’accident à la fois pour les personnes qu’ils accompagnent mais également pour eux-mêmes. Et, comme l’accident est possible, ils doivent également connaître l’appareil judiciaire pour se protéger de toute poursuite.
La sécurité est fondamentale, d’ailleurs certains s’interrogent sur l’opportunité de ne plus recruter que des « accompagnateurs montagne » (ayant donc une formation spécifique) pour encadrer du public. Personnellement, j’ai le sentiment que les gardes des espaces naturels conçoivent et estiment les risques, néanmoins ils doivent suivre des formations adaptées afin de décortiquer toute la problématique de l’accident. En effet, lorsqu’un garde évolue seul pour faire des relevés par exemple, il a l’impression de bien connaître le terrain et il est rare qu’il s’interroge sur les risques qu’il court. Il le ferait pourtant, s’il était accompagné d’autres personnes au rythme de marche plus faible ! Mais quand on est seul, on a l’impression de connaître ses capacités physique, technique, voire psychologique. Or, notre état varie en fonction de la fatigue ou de nos préoccupations et, si l’on ne s’interroge pas sur ces paramètres, c’est là que l’accident est susceptible d’intervenir. Un accident d’autant plus grave qu’il s’agit de travailleurs isolés.
L’encadrement de groupes oblige au même type de questionnement : il faut interroger ses habitudes. Celle, par exemple, de faire une pause sur cette petite pelouse sympathique en oubliant qu’il y a une barre rocheuse à quelques dizaines de mètres. Un risque certain pour ceux qui vont chercher à s’isoler pour aller « au petit coin » ! En accidentologie, on montre que le danger est rarement objectif, il est lié au sujet. Pour réduire le risque, le garde devrait suivre des protocoles et notamment celui de Werner Munter qui a conçu la méthode « 3x3 ». Cette méthode permet de rétablir d’une manière rationnelle ce que nous faisons machinalement par l’expérience ou le feeling. Elle invite à se poser des questions liées au terrain, aux conditions de la montagne et aux hommes avant la sortie, au moment du départ (relation entre notre préparation et la réalité), pendant la sortie et même après. Ainsi par exemple, prévenir de son retour, faire un petit debriefing avec des collègues, permet d’élargir notre domaine d’expérience.
Ce métier porte intrinsèquement une dimension de risque. En prendre conscience, c’est bien mais il faut également se donner les moyens de le gérer, c’est-à-dire de l’analyser et de comprendre son mécanisme.

1. Sur ce thème, voir Espaces naturels n° 3 - juillet 2003.