Travailler à l’urbanisme durable

 
Architecte urbaniste

Espaces naturels n°24 - octobre 2008

Le Dossier

Jérémy Ronchi
Architecte.  Il est chargé de mission Urbanisme et architecture au Parc naturel régional des ballons des Vosges.

 

Il faut dépasser la notion d’architecture centrée sur le bâtiment et cesser de considérer le territoire comme étant une étendue à investir. Pour être efficient, nous devons travailler sur l’urbanisme et notamment prendre en compte le fonctionnement des espaces naturels et agricoles. On considère trop souvent qu’il s’agit d’un vide, or ce vide est un plein. Il a une fonction. Il faut le préserver.
Je suis architecte conseil auprès des élus du parc et je travaille auprès d’eux à l’urbanisme durable. Nos principales recommandations, qui devraient être reprises dans la prochaine charte, sont les suivantes : toute réflexion doit s’inscrire dans un cadre supracommunal, elle doit prendre en compte les éléments de développement des communes voisines, le partage des équipements ou des activités, le fait de privilégier les secteurs bien desservis par les transports en commun, le respect des corridors écologiques et les fonctionnements naturels. Nous faisons attention à ce que le maximum de terres agricoles mécanisables ou facilement exploitables soient préservées. Les économies d’énergie doivent être favorisées, ce qui suppose par exemple de limiter les constructions individuelles.
Reste à définir plus précisément ce qu’est l’urbanisme durable. Quoi qu’il en soit, c’est un type d’urbanisme qui impose de se poser les bonnes questions sur l’utilisation de l’espace. Si une commune envisage la création d’un lotissement, elle doit s’interroger sur sa pertinence. Aussi écologique soit-il, ne risque-t-il pas de geler toutes les réserves foncières de la commune ? Notre rôle est de voir s’il existe des bâtiments vacants (fermes, friches industrielles…) et de l’espace disponible dans le territoire déjà urbanisé.
On s’aperçoit alors qu’il est souvent possible d’absorber tous les besoins de logements sans réaliser le lotissement prévu. Plus tard, dans dix ou vingt ans, lorsqu’on aura densifié l’espace bâti, on pourra envisager une extension cohérente.
L’urbanisme durable suppose de faire une analyse du territoire afin d’identifier les poches encore disponibles et, sur ce point, notre rôle de sensibilisation des élus et des habitants est primordial.
Le respect de l’identité fait également partie de l’urbanisme durable. Il ne s’agit pas simplement de respecter le passé, mais de traduire ce qui fait l’esprit des lieux. S’agit-il de matériaux, de proportion, d’harmonie ? À partir de quand perd-on la cohérence du territoire ? Le métier d’architecte évolue dans ce sens.