Une porte étroite

 

Espaces naturels n°24 - octobre 2008

Le Dossier

André Lechiguero
Chargé de mission métiers - Aten

 

Travailler dans un espace naturel : un rêve pour certains, une motivation pour beaucoup, une réalité pour quelques-uns seulement.
Crapahuter sur le terrain, observer des parades nuptiales, compter octopus vulgaris et dactylorhiza latifolia, aménager une entrée de village, sensibiliser au développement durable, surveiller le comportement des visiteurs, habiter à la campagne, vivre au grand air, beaucoup y voient l’occasion d’exercer un métier en phase avec leurs convictions !
Pour ces motivations, des milliers d’étudiants s’engagent chaque année dans une formation préparant un diplôme en lien avec les « métiers de la nature ». Animateur nature, garde à cheval, ingénieur écologue, architecte paysagiste... la liste est longue et renvoie à une très grande variété de diplômes et de titres.
Mais voilà : il n’est pas rare de sélectionner plus de trois cents candidats pour un seul poste en CDD dans un parc naturel régional, et le dernier concours d’agent technique de l’environnement a mobilisé trois mille concurrents pour cent postes !
Porter une arme, et éventuellement en faire usage, dévisser lors d’une inspection sur une falaise, passer des heures à rédiger un dossier de demande de subventions, préparer un conseil d’administration, négocier son projet en conseil municipal, boucler un budget ou subir des coupes sombres : la réalité des métiers des espaces naturels est souvent loin des idées reçues.
Et pourtant, si on les questionne, les cinq mille professionnels en poste dans les réserves, les parcs, les grands sites de France ou les conservatoires répondent assez unanimement qu’ils aiment ce qu’ils font.
Pourquoi et comment conservent-ils leurs motivations ? Pas pour l’argent, car les niveaux de rémunération sont dans la moyenne nationale, voire au-dessous.
En dépit des risques et des contraintes administratives, malgré le fait que l’ordinateur prenne le pas sur le terrain, peut-être ces femmes et ces hommes ont-ils le sentiment de contribuer à un objectif noble, pour le bien de la communauté des humains et celui de la planète.
Il faudra certainement être attentif, au fil des pages qui vont suivre, à ne pas renvoyer dos à dos le mythe et la réalité car, finalement, ne se rejoignent-ils pas ?