Que l’arbre ne cache pas les forêts

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Le Dossier

Robert Barbault
Muséum national d’histoire naturelle

L’année de la biodiversité a fait place à l’année des forêts. Il nous faut donc penser forêts, au pluriel s’il vous plaît, mais sans oublier pour autant les acquis de l’année écoulée : c’est encore de biodiversité qu’il s’agit, même si l’on sent monter le danger de l’appétit de bois.
N’oublions pas la vocation « signal d’alarme » de ces années internationales.
Pour cette année 2011, l’Organisation générale des Nations Unies est claire : « Il faut des efforts concertés de sensibilisation à tous les niveaux pour renforcer la gestion durable, la conservation et le développement viable de tous les types de forêts, dans l’intérêt des générations présentes et futures. » Et dans le respect de la biodiversité, de la liberté créatrice du vivant, oserais-je ajouter. Car subsiste une vraie inquiétude, que partagent aujourd’hui de nombreux amoureux de la forêt, naturalistes, gestionnaires ou simples promeneurs, face à la tension qui monte entre volonté de production et souci de conservation.
Espace sauvage inquiétant pour les uns, outil de production pour d’autres, nécessité écologique et paysagère pour d’autres encore, le monde des forêts est tout cela et beaucoup plus encore, entre espace de vie et espace de rêve. Préserver ce riche potentiel tout en profitant de ses capacités de production est un impératif largement reconnu et un réel défi pour les gestionnaires. On sait que l’ONF affiche cette double préoccupation en s’y engageant à produire plus de bois tout en sauvegardant mieux la biodiversité. Les forestiers privés s’engagent aussi.
Mais le doute nous saisit, manque de confiance sans doute. Certes, entre la poursuite des efforts en faveur de réserves biologiques en forêt et le développement de programmes destinés à promouvoir vieux arbres et parcelles de sénescence, des choses se font en matière de conservation de la biodiversité, mais les besoins de bois et de retour sur investissements inquiètent. En tout cas, il y a là nécessité d’efforts accrus en matière de sensibilisation, d’études et de recherche – pour que l’appétit d’arbres ne gâche pas les forêts !