La question

« Une évolution durablement négative n’est pas le scénario le plus probable, mais… »

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Le Dossier

Guy Landmann
Directeur adjoint GIP Ecofor

 

Diriez-vous que les pratiques du bois énergie constituent une atteinte à la nature ?

La forêt a été historiquement une source majeure d’énergie pour l’ensemble des activités économiques avant que l’exploitation des énergies fossiles ne permette de relâcher la pression sur elle exercée.
Va-t-on refaire à l’envers le chemin parcouru au cours des deux derniers siècles et revenir à la situation ancienne, pour partie fortement dégradée ?
L’utilisation accrue de bois pour l’énergie et les autres utilisations (bois d’industrie, bois d’œuvre) peut entraîner une réduction de la biodiversité, notamment par le biais de la réduction des bois morts laissés en forêt qui hébergent une faune très spécifique, une perte de fertilité minérale des sols du fait de l’exportation de petits bois riches en éléments minéraux, un tassement des sols lié à l’utilisation d’engins lourds, voire une réduction de la ressource en eau dans les régions peu arrosées.
Une approche moderne de ces risques s’appuie sur des connaissances scientifiques et des formes élaborées d’organisation des acteurs. Ainsi, le niveau des engagements pris par la France dans le cadre européen de limitation du réchauffement climatique s’appuie sur des estimations récentes de la ressource forestière. Les plans d’approvisionnement en bois des projets industriels sont évalués par des experts au niveau régional, des guides de bonnes pratiques sont mis à disposition des sylviculteurs, le développement du bois énergie est intégré dans les plans locaux de développement (charte forestière, plan de développement de massif, etc.).
Cependant, si une évolution durablement et massivement négative n’est pas le scénario le plus probable, il faut certainement compter avec des lacunes, une transparence parfois insuffisante, et des remises en causes partielles de certains repères par le progrès scientifique.

Ecofor : ce groupement d’intérêt public anime des programmes de recherche sur les écosystèmes forestiers et leur gestion.