Bonnes pratiques pour milieux sensibles
Comment préserver les milieux sensibles, en particulier les rivières et les zones humides ? Avec les forestiers, le Parc naturel régional du Morvan a testé diverses techniques.
Protéger les ruisseaux.
1. Aménagement temporaire. Le passage d’une rivière nécessite d’aménager un franchissement faute de quoi, le passage répété des engins générera d’importants apports de matières en suspension (MES) lesquelles colmatent les frayères et provoquent l’asphyxie de la faune, détruisent les habitats, et provoquent un risque de pollution par hydrocarbures. Un dispositif temporaire peut être mis en place le temps du chantier. Ce kit de franchissement est constitué d’un pont de billons jetés par-dessus des tubes en plastique PEHD laissant passer l’eau.
Avantages : Pas de départs de MES, impacts limités à l’emprise du franchissement. • Généralement facile à mettre en place. • Coûts faibles. Les tubes sont réutilisables un grand nombre de fois.
Inconvénients : Difficile à installer lorsque le ruisseau emprunte le chemin de débardage sur plus de 10 m, ou lorsque la rivière fait plus de 10 m de large.
En chiffres : Temps de mise en place : entre 20 min et 1 h 30 selon la configuration des lieux.
Coût des tubes : 800 euros TTC pour 6 m en diamètre 250 mm (en moyenne deux tubes pour franchir un ruisseau de 1,5 m), récupérables et réutilisables.
2. Aménagement permanent. Lorsque la voie de débardage doit être empruntée lors de chantiers fréquents, il faut mettre en place un système permanent. Parmi les nombreuses techniques (busage, pont cadre en béton…), la solution du pont de bois est simple et permet de valoriser une ressource locale. Les essais ont été réalisés à partir de Douglas (rondins de gros diamètres > à 40 cm), mais d’autres bois peuvent très bien convenir.
Avantages : Valorise les ressources et les savoir-faire locaux. • Évite tout problème de discontinuité écologique. • Supporte des tonnages bien supérieurs au poids des porteurs par essieu. • Durée de vie estimée à 30 ans.
Inconvénients : Difficile à adapter sur des rivières de plus de 5 m de large (7 m de portée).
En chiffres : Coût moyen : 7 415 euros TTC.
Nombre d’installations réalisées : 20 sur le Morvan ayant toutes servi à des débardages importants sans déboire.
Restaurer la ripisylve feuillue. Lorsque des résineux (épicéa) ont été plantés jusqu’au bord de la rivière, celle-ci manque de lumière et subit des modifications physiques peu propices à l’expression d’une faune et d’une flore riches. De plus, l’enracinement très superficiel des résineux et l’absence de couvert végétal induisent une fragilité de la berge provoquant fréquemment la chute des arbres. Il convient de retourner peu à peu à une ripisylve naturelle, source de nourriture et structurante pour le cours d’eau et les habitats d’espèces.
Ce principe de conversion progressive a été décrit par l’ONF dans la cadre du programme Life Ruisseaux.
Avantages : Permet d’exploiter une ressource en respectant les sols. • Permet de valoriser des essences feuillues mieux adaptées au contexte que les résineux.
Débarder sur sols peu portants. Employée en milieu humide où l’exploitation forestière classique peut engendrer des dégâts irréversibles sur les sols (tassements) et les espèces, la technique du débardage par câble-mât, s’applique en respectant trois consignes : l’abattage est manuel avec utilisation d’huile de chaîne biodégradable, les feuillus et arbres morts sont maintenus sur pied, le débardage concerne les arbres entiers (pas de rémanents sur la zone de tourbière).
Avantage : Préservation du sol. Pas d’intervention d’engins sur le site.
Inconvénients : Peu de cablistes en France (liste sur www.liferuisseaux.org). • Coûts plus élevés qu’une exploitation classique (abatteuse + porteur). Le chantier néanmoins n’a pas été déficitaire. Il a permis de valoriser des arbres qui n’auraient pas été exploités autrement.
Chiffres : Volume à exploiter = 1 377 m3
Coût = 39 euros/ha TTC (12 euros abattage et 27 euros débardage).