Réhabilitation

Des palmiers à Calais ?

 
Aménagement - Gouvernance

La nature reprend ses droits sur le site de la jungle de Calais, sous l’égide du Conservatoire du littoral, qui entend en faire un lieu d’excellence écologique et paysagère.

Illustration du projet de renaturation du site de la jungle de Calais.

Illustration du projet de renaturation du site de la jungle de Calais.

Évacué en octobre 2016, la « jungle de Calais », 20 hectares entre polders, dunes et marais, a une histoire très spéciale. En 2014, ces terrains ont été rétrocédés au Conservatoire du littoral par la Région Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre de la mise en place de mesures compensatoires pour l’extension du port de Calais. 

La crise migratoire s’accentuant, de nombreux migrants se sont installés sur la lande1 de façon disparate, au nord (octroyé au Conservatoire du littoral) comme au sud. Lorsque l’État a démantelé la jungle, les réfugiés se sont réinstallés sur la zone nord, dans des camps improvisés sur la lande et dans un Centre d’accueil provisoire (CAP, construit sur l’ancien centre de loisirs, Jules Ferry) « en dur » (dalle en béton, grillage, logements, eau, électricité). En octobre 2016, l’État a détruit les camps, et, en mars 2017, il a démantelé le CAP. Le site était donc très fortement impacté par les installations humaines (entre 7 et 10 000 personnes ont habité sur 20 ha pendant trois 
à quatre mois). 

Dès lors, le Conservatoire du littoral s’est attaché à mettre en œuvre les mesures prévues dans le cadre des compensations liées au développement du port. Plusieurs partenaires ont travaillé sur le territoire à cette mise en œuvre, qui s’annonçait compliquée. Mais quelques mois plus tard, les résultats sont impressionnants, et aux dires même d’Alexandre Driencourt, représentant du syndicat mixte Eden 62, un des partenaires en charge de la gestion du site, tous sont « très optimistes sur les résultats à attendre suite aux travaux réalisés. » « On se trouve aujourd’hui presque face à un laboratoire », témoigne le chargé de mission, car tout a bougé, on ne trouve plus rien d’originel sur ce site. Comment la nature va-t-elle réagir à tant de bouleversements ? 

Les premiers résultats sont là ; elle réagit rapidement et positivement, et les espèces peu communes et rares réapparaissent, à l’instar du Gnaphale jaunâtre (Gnaphalium luteoalbum) ou des ruppies (Ruppia cirrhosa et R. maritima) qui étaient inconnues sur le site.
 

(1) NDLR : terminologie utilisée en interne pour éviter « jungle », trop connoté, même si la carac- térisation des habitats naturels n’y est pas totale- ment associée.