Profils et compétences

 

Espaces naturels n°24 - octobre 2008

Édito

Ian Jardine
Président d’Eurosite et directeur du Scottish natural heritage.

La gestion des compétences constitue un véritable enjeu qu’en Écosse, d’ailleurs, nous avons négligé ces vingt dernières années ; avant de réaliser récemment combien nous faisions erreur.
En effet, si la gestion des sites naturels nécessite des compétences et connaissances spécifiques, elle réclame aussi une ouverture vers d’autres savoirs. Il est important, par exemple, que les gestionnaires de nature soient familiers avec les professions qui œuvrent dans les mêmes espaces, tels les forestiers, les agriculteurs voire les personnels de l’industrie de l’eau. Certes, nos gestionnaires ont besoin de maîtriser l’écologie et l’histoire naturelle. Pour conserver, gérer, conduire le changement, ils doivent pouvoir identifier la richesse des sites et connaître l’équilibre du système. Mais cela ne saurait être suffisant.
Le suivi et l’enregistrement de ces connaissances, par exemple, apparaissent peut-être comme quelque chose de fastidieux, mais c’est une plus-value énorme, qui implique à son tour d’autres savoir-faire.
De plus en plus indispensables, aussi, les compétences en matière de communication. Installez des tables d’interprétation, publiez autant de dépliants que vous le souhaitez, leur impact sera infime hors d’un professionnalisme impliquant l’individu dans une relation individuelle enthousiaste.
Dans un domaine proche, ajoutons également les compétences en matière de diplomatie et de négociation. Et, toujours dans ma « liste des courses » : la conduite de projet.
Autrefois, nous avions une approche plus décontractée de l’organisation du travail. Je crains que cela n’ait pas servi notre crédibilité et j’ai peur que nous ayons gaspillé de l’argent. Aujourd’hui, lorsqu’un nouveau projet se dessine, nous nous appuyons sur des techniques de management reconnues assurant au mieux son succès et l’utilisation des ressources.
Enfin, l’un des défis (et l’une des joies) du travail avec la nature repose sur le fait que rien n’est jamais fixé. Habitats et espèces changent et se déplacent (en dépit de la loi !). Nous devons décider comment nous voulons influer sur cette évolution, pourquoi et si c’est bien de le faire, et quels résultats nous en attendons.
Tout ceci nous conduit à conclure : le travail en réseau et la collaboration doivent être encouragés. Un gestionnaire de site qui se focalise sur « son » site sans savoir ce que font les autres, ou comment ils s’adaptent aux conditions du changement, se cantonne en un étroit registre.
L’ampleur du challenge que les gestionnaires de la nature affrontent aujourd’hui est considérable : leurs résultats dépendront de la manière dont ils se sentent soutenus et de leur capacité à rendre prioritaires les besoins en développement professionnel et en formation. Les résultats toucheront autant les individus que les organisations et les communautés rurales. Toutes choses hautement significatives en matière sociale et économique.

ian.jardine@snh.gov.uk