Projet Diva corridor

L’agriculture au service des trames vertes et bleues

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Études - Recherches

Françoise Burel
CNRS Rennes

 

Dans une approche pluridisciplinaire (géographie, écologie, agronomie, droit), le projet scientifique Diva corridor explore la manière de mettre en place la trame verte et bleue aux échelles régionale et locale. Il montre comment l’activité agricole peut y participer.

Comment identifier les continuités écologiques ? La question est primordiale pour qui veut travailler à la mise en place de trames vertes ou bleues. Le projet Diva corridor tente d’y répondre en appréhendant le sujet tant à l’échelle régionale que locale. Le programme se penche sur le rôle fonctionnel des trames pour la biodiversité, sur leurs relations avec les activités agricoles et sur le cadre réglementaire de leur mise en place. Ces travaux soulignent l’intérêt d’une approche par espèces à l’échelle locale et la nécessité de relativiser l’impact de la connectivité structurelle à l’échelle régionale. Une grande majorité des trames vertes seront mises en place en milieu agricole, le projet s’attache donc à voir comment l’agriculture peut y participer.

À l’échelle régionale. Pour identifier les corridors à l’échelle régionale, des méthodes de télédétection ont été développées. Elles utilisent plusieurs sources de données satellitaires afin de créer une carte de la région avec un degré de résolution de l’ordre de l’hectare. Les entités cartographiées ont été identifiées avec les écologues pour prendre en compte la diversité des éléments semi-naturels (bois, landes, fourrés, prairies permanentes…) qui peuvent participer à la détermination d’un corridor.
Ce travail montre que, contrairement à l’échelle locale où un corridor est principalement constitué d’éléments linéaires tels une haie, une bande enherbée, le corridor est, à cette échelle, constitué de structures complexes jouant sur la complémentarité entre plusieurs éléments (par exemple, un ensemble de prairies et de haies). Une étude des assolements communaux (part des différentes cultures et prairies) a mis en évidence qu’il existe, pour un même assolement, une diversité de configurations des mosaïques agricoles plus ou moins favorables d’un point de vue écologique (fragmentation des prairies, hétérogénéité des cultures…). Ainsi, des marges de manœuvre se dégagent, permettant de gérer les paysages agricoles et de réorganiser l’occupation du sol sans changer de système de production.

À l’échelle locale. À l’échelle locale, l’étude met en évidence que les prairies permanentes jouent un rôle majeur dans la structuration des continuités pour les espèces inféodées aux milieux peu perturbés.
Concernant l’écureuil roux par exemple, on note que sa présence est favorisée par une trame boisée dominée par des conifères (boisements de 5 à 10 ha peu éloignés les uns des autres) et une matrice hétérogène. On voit également comment, dans le PNR des marais du Cotentin et du Bessin, la connectivité n’a pas d’effet sur la composition des communautés de plantes des prairies hygrophiles en raison, sans doute, de la faible fragmentation du milieu prairial et du mode de dispersion de ces espèces.
Toujours à l’échelle locale, les haies du bocage et les bandes enherbées s’avèrent jouer le rôle de corridor fonctionnel pour les petits mammifères forestiers et une espèce de papillon, le myrtil. À cette échelle, une approche espèce demeure pertinente, tandis qu’il convient de relativiser l’impact de la connectivité structurelle à l’échelle régionale.
Ces travaux vont se poursuivre par l’étude à une échelle locale ou paysagère des relations entre l’agriculture et les continuités écologiques.