Sanctuaire Pelagos

Limiter les collisions avec les cétacés

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Gestion patrimoniale

Pascal Mayol
Souffleurs d’écume

 

Un logiciel embarqué permet de cartographier la route des cétacés.

En Méditerranée, 16 à 20 % des baleines mortes ont été tuées suite à une collision avec de grands navires. Pour réduire les risques, l’association Souffleurs d’écume a développé l’outil Repcet.
Dédié à la navigation, ce système nécessite la collaboration des compagnies maritimes puisqu’il se base sur l’observation de grands cétacés par le personnel de quart depuis un navire utilisateur.
L’information est transmise par satellite à un serveur centralisant les données. Celui-ci diffuse alors des alertes aux navires équipés et susceptibles d’être concernés par un signalement. À bord, ces alertes sont cartographiées sur un écran dédié.
L’efficacité du système repose sur la densité du trafic maritime qui permet de multiplier les observations.

Saisie. La considération du travail des personnels de quart en passerelle est l’une des clés de l’efficacité du système. C’est pourquoi, une attention toute particulière est apportée à l’ergonomie des interfaces de saisie. Celle-ci permet de fournir des données essentielles tels le nom et la position du navire, la distance et le gisement de l’animal, l’espèce, le nombre d’individus…

Présentation des alertes. À bord, l’interface de cartographie permet de visualiser les alertes diffusées par le serveur (origine, heure, espèce et nombre d’individus). À partir des observations qui lui ont été communiquées, le système calcule les zones de risque de rencontrer l’animal initialement détecté. La représentation permet ainsi à l’équipage du navire d’appréhender intuitivement le niveau de risque au moment de la traversée d’une zone cartographiée.
Des alarmes paramétrables permettent aussi d’anticiper les situations présentant un risque de rencontre, leur évitant ainsi la nécessité d’une surveillance continue de l’écran cartographique.
Lorsque la zone de risque disparaît du fait de son obsolescence, la position de l’observation initiale persiste pendant 24 h (avec une signalétique propre). Cette représentation fait apparaître les secteurs potentiellement dangereux du fait de l’abondance des cétacés récemment observés.

Modèles et automatisation. La potentialité de présence de cétacés dans une zone n’est pas aléatoire. Elle est fonction de l’abondance de nourriture, elle-même conditionnée par les paramètres physico-chimiques et biologiques. C’est donc en fonction des données environnementales fournies par satellite (température, courantologie, salinité, chlorophylle…) que les modèles statistiques calculent les zones de présence des cétacés. À terme, le système intégrera des modèles de prévision de présence.
Certes, cette première version est alimentée par des détections visuelles, mais Repcet est conçu pour intégrer tous types de capteurs (détecteur infrarouge embarqué, acoustique passive…). De futures versions permettront alors de traiter automatiquement les positions de grands cétacés et d’optimiser l’efficacité du dispositif, notamment de nuit.
Une interface web est envisagée à l’attention des gestionnaires des aires marines protégées. Elle permettra de suivre les observations en temps réel et de naviguer à travers l’historique pour présenter des cartes datées de distribution des animaux.