Conservatoire régional des espaces naturels de Midi-Pyrénées

Et pourquoi pas une Cifre pour financer une recherche ?

 

Espaces naturels n°36 - octobre 2011

Management - Métiers

Nicolas Gouix
Chargé de Mission Conservatoire Midi-Pyrénées

 

Une Convention industrielle de formation par la recherche a permis au Conservatoire régional des espaces naturels de Midi-Pyrénées d’embaucher un doctorant. Celui-ci a pu travailler sur la biodiversité et la gestion forestière.

Plébiscité depuis trente ans dans divers domaines industriels, les Cifre ou Conventions industrielles de formation par la recherche sont peu usitées dans les espaces naturels. Ces protocoles sont pourtant intégralement financés par le ministère de l’Enseignement supérieur1 qui, par ce biais, subventionne toute entreprise, association, collectivité territoriale… embauchant un doctorant pour le placer au cœur d’une collaboration de recherche avec un laboratoire public.
En Midi-Pyrénées, un partenariat de ce type s’est conclu entre le Conservatoire régional des espaces naturels, l’école d’ingénieurs de Purpan, l’Inra de Versailles et l’Office national des forêts.

Innovation. Entre 2008 et 2011, un doctorant a mené une recherche sur la thématique de la biodiversité et la gestion forestière à travers le taupin violacé. Limoniscus violaceus habite des cavités d’arbres situées au niveau du sol. La préservation de ce petit coléoptère saproxylique s’avère bénéfique aux nombreuses autres espèces plus ou moins dépendantes de l’habitat de cette espèce parapluie.
La Cifre ayant vocation à contribuer au processus d’innovation des entreprises françaises et à leur compétitivité, le recours à ce protocole nécessitait alors de trouver des conditions d’application liées à une activité économique ou industrielle. C’est donc une problématique d’intégration des exigences de la directive Habitats dans un système productif basé sur l’exploitation de la forêt, ressource naturelle, qui a été mise en avant.
En effet, le taupin violacé est d’intérêt communautaire, les gestionnaires d’espaces doivent donc assurer le maintien de ses populations dans un état de conservation favorable.

Recherche. Le projet de recherche a alors visé l’amélioration des connaissances sur sa biologie et son écologie afin de fournir des outils leur permettant de répondre à la politique Natura 2000 à laquelle Limoniscus violaceus est assujetti.
Une nouvelle méthode de suivi et un modèle prédictif indicateur des cavités favorables pour l’espèce ont ainsi été développés. Les connaissances acquises se cristallisent à travers un cas concret pour sa conservation en forêt domaniale de Grésigne (Tarn) et débouchent sur des propositions de gestion pour la préservation de ses habitats. Elles s’intègrent aux activités sylvicoles de cette zone Natura 2000, plus grande forêt de production de chênes sessiles du sud-ouest.
Pour le conservatoire, cette expérience a contribué au développement de nouvelles compétences internes pour la gestion des espaces naturels boisés et les problématiques associées aux organismes saproxyliques.

Retombées. Elle a également initié une nouvelle dynamique : deux nouvelles conventions sont programmées en 2011 dans le cadre de la réalisation du Plan national d’actions en faveur du Desman des Pyrénées. La première vise, en partenariat avec EDF, à caractériser l’impact du fonctionnement des centrales hydro-électriques et d’autres variables de l’environnement sur les populations de l’espèce ; la seconde à développer l’utilisation des outils génétiques pour mieux caractériser sa biologie, sa répartition et identifier d’éventuelles discontinuités génétiques.

1. La mise en œuvre est confiée à l’Association nationale de la recherche et de la technologie.