L’année de la biodiversité

 
se joue outre-mer

Espaces naturels n°31 - juillet 2010

Édito

Marie-Luce Penchard
Ministre chargée de l’outre-mer

L’outre-mer abrite 98 % des vertébrés et 96 % des plantes vas- culaires présentes en France, 97 % de la zone économique exclusive, 10 % des récifs et 20 % des atolls coralliens de la planète...
Cette biodiversité d’importance mondiale appartient à la Nation tout entière, nous avons le devoir de la transmettre intacte aux géné- rations futures.
Mais nous ne pouvons ignorer que cette biodiversité ultra-marine est très menacée. C’est ainsi par exemple que 600 des 756 es- pèces menacées de France se situent, selon l’UICN, en outre-mer.
Aussi, l’action de l’État français se structure-t-elle autour de trois axes : développer la connaissance, protéger, assurer le déve- loppement économique.
Dans l’immensité de nos territoires terrestres comme la Guyane ou de nos zones maritimes, les marges de progression de la connaissance sont immenses. C’est pourquoi les missions et programmes scientifiques sont nombreux, telles les recherches menées sur les plantes à parfum, aromatiques et médicinales retenues par le premier conseil interministériel de l’outre-mer en novembre dernier. L’établissement de passerelles entre les programmes des différentes institutions (Cirad, IRD, Ifremer, FFEM, Gret, FRB, BRGM etc.) doit être au centre de nos préoccupations.
La France porte aussi la responsabilité d’assurer une protection raisonnée de ces territoires pour éviter un appauvrissement irrémédiable de la biodiversité. Cet impératif, en s’appuyant sur les parcs naturels terrestres ou maritimes, structure les démarches de politiques de développement local. C’est ainsi que 42 % de la Réunion et plus de 26 % de la Guyane sont classés espaces protégés, et que la plus grande réserve naturelle terrestre et marine de France et d’Europe (22 700 km 2 ) se situe dans les terres australes françaises. Le Grenelle de la mer nous invite du reste à faire mieux et à développer de nouvelles aires marines protégées, celle des îles éparses par exemple.
Cependant, les espaces protégés ne doivent pas être sanctuarisés.
Et, dans l’optique du développement économique et de la protection de la biodiversité, nous avons beaucoup de progrès à faire : l’exploitation des molécules issues de la pharmacopée tropicale, les possibilités de développement d’une aquaculture durable... Par ailleurs, ce patrimoine naturel est un atout considérable pour le tourisme. La protection de la biodiversité doit alors permettre de valoriser des métiers du développement durable, des métiers verts.
Les dispositifs de formation et d’insertion au profit de la jeunesse ultramarine qui souffre aujourd’hui d’un taux de chômage très important doivent aussi être mobilisés dans ce sens.