Adaptation des outils

« Ici, les missions de police sont plus dangereuses »

 

Espaces naturels n°31 - juillet 2010

Le Dossier

Sandrine Chalvet
Chargée de formation Aten, collaboratrice sur le programme Temeum

 

Concevoir et animer des formations au commissionnement, comme nous avons pu le faire pour les agents en Guyane, suppose de répondre à des besoins propres liés à une réalité professionnelle spécifique.
Point névralgique donc : connaître les besoins.
Or ici, tout d’abord, le rapport à la nature est différent. Celle-ci est nourricière (chasse, cueillette), guérisseuse, spirituelle. Il en découle une dépendance directe à l’environnement qui peut rendre les missions de police plus dangereuses (mais aussi des échanges plus concrets en formation). À acquérir donc : une connaissance des habitudes, des langages et des milieux, laquelle s’avère essentielle pour éviter de se mettre en danger.
La formation doit nécessairement aborder la problématique du territoire concerné en s’intéressant aux particularités des activités, des espèces et des sites. Ainsi, de même qu’en Guyane, les exercices et examens répondent à la délicate question du ramassage des œufs de tortues ; à la Réunion, les gardes sont amenés à « plancher » sur la cueillette d’herbes médicinales.
D’ailleurs, pour rester connecté à la fois au terrain et à ses acteurs, nous avons fait en sorte que les volets pratiques soient animés par les brigades de police de l’environnement locales comme l’ONCFS, la Brigade nature océan Indien, le Parc national de Guadeloupe ou encore la Brigade nature Mayotte.
Conçu depuis la métropole, les principaux facteurs conditionnant la conception et l’animation d’une formation en outre-mer sont le temps, l’éloignement et le coût induit. Or, si concernant les missions de police, les compétences attendues sont partout les mêmes, les formations en outre-mer sont toujours plus courtes. Il nous a donc fallu revoir les objectifs et les outils pédagogiques dans un esprit plus synthétique, plus opérationnel : guide de l’agent commissionné en outre-mer, tableau d’infractions spécifiques à chaque site…
Cependant, de tous ces éléments, l’identification des besoins reste le point faible ; organismes de formation et employeurs doivent travailler ensemble pour approfondir le sujet.