Adaptation des outils - Martinique

« La nature est au centre de l’économie »

 

Espaces naturels n°31 - juillet 2010

Le Dossier

Jean-Baptiste Schneider
Directeur régional à l’Office national des forêts en Martinique

 

Avec près de 400 habitants au km2, la mise en place d’un réseau de réserves biologiques en Martinique constitue une réponse pour la sauvegarde de la biodiversité en forêt publique. Ainsi, la réserve biologique intégrale de la montagne Pelée a été créée en 2007. Suivie bientôt par la réserve intégrale de Prêcheur-Grand’Rivière, elles offriront, à elles deux, un espace protégé continu de la mer jusqu’au point culminant de l’île. Mais la tâche n’a pas été aisée pour les gestionnaires de l’ONF qui ont piloté le chantier.
Dans une île où l’espace et les ressources sont limités, la forêt constituait le fondement de l’économie et les habitudes sont restées. Le gestionnaire a dû faire l’inventaire des usages. Et, que les pratiques soient traditionnelles ou récentes, les intérêts sont divers et nombreux ! Pour l’agriculture et la pêche (confection des casiers), les habitants prélèvent du bois d’œuvre et de jeunes tiges. Ils cueillent des plantes à valeur thérapeutique ou culinaire. Les jardins créoles (bananiers, cocotiers…) se sont développés et avec eux, l’introduction d’espèces exotiques. Des familles squattent en forêt…
Dans le domaine de l’économie touristique, la randonnée pédestre a de plus en plus d’adeptes et des problèmes apparaissent sur les crêtes sensibles à l’érosion. À noter aussi, la pratique du canyoning, de grands raids, du camping, du bivouac…
La liste ne se veut pas exhaustive, elle souligne toute la difficulté de mettre en place une réserve intégrale. Or, vu la taille des surfaces mises en réserve (3 000 ha), aucune police ne saurait être efficace. La gestion de tels espaces réside donc, nécessairement, dans la concertation et la responsabilisation des habitants et des touristes.
Panneaux d’informations axés sur la réglementation et l’intérêt patrimonial du site, communiqués de presse… sont les outils de l’immédiat. L’éducation à l’environnement est ensuite la voie primordiale.