Guyane - Groupe d’étude et de protection des oiseaux

Pas de salut sans réseautage

 

Espaces naturels n°31 - juillet 2010

Le Dossier

Nyls de Pracontal
Directeur du Gepog
Julie Riegel
Mission internationale LPO
 

Conserver la biodiversité ultra-marine suppose d’intégrer des réseaux. Mutualiser informations, outils et analyses conditionne l’efficacité de l’action. Le Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane fait la démonstration.

Agir pour l’avifaune en Guyane ! Afin de définir les espèces prioritaires, relayer des programmes globaux de conservation, valoriser ses données et son expérience, le Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane (Gepog) est en lien quotidien avec la coordination de BirdLife Amériques à Quito (Équateur). Cette proximité permet la prise en compte des enjeux de conservation de Guyane dans les programmes de la sous-région comme dans ceux de l’ensemble du continent américain.
Ainsi, les résultats des comptages annuels des oiseaux d’eau sont transmis directement à Wetlands Argentine et la Guyane figure dans le plan de conservation des oiseaux d’eau des Amériques.
Par ailleurs, l’outre-mer ne bénéficie ni de la directive Oiseaux, ni de la directive Habitats, faune, flore ni, donc, du dispositif Natura 2000. Aussi, privée de ces trois piliers des politiques de conservation de la nature, la Guyane définit des sites d’importance mondiale pour la conservation des oiseaux (Important birds areas-IBA) sur la base de critères mondiaux établis par BirdLife international.

L’enjeu est de faire reconnaître cette labellisation IBA au niveau des instances administratives et institutionnelles nationales et locales afin de nourrir les orientations juridiques et financières des politiques de conservation françaises.
L’articulation avec les réseaux d’ONG nationaux s’avère alors indispensable. Le Gepog s’appuie d’ailleurs sur la fédération France nature environnement pour le conseil juridique et le portage politique.
Dans la même veine, l’appui de cette fédération, celle de l’UICN, ainsi que celle des membres du Conseil national de la protection de la nature, a permis de déboucher sur l’établissement d’un schéma d’orientation minier satisfaisant.
La Ligue pour la protection des oiseaux, représentante de BirdLife en France, est partenaire d’actions de protection, de lobbying ou de valorisation des associations ultramarines. Dans le domaine des espaces naturels protégés, le Gepog est également lié à Réserves naturelles de France et bénéficie ainsi des initiatives de formation du réseau Temeum (Terres et mer ultramarines). Deux autres structures nourrissent également les réflexions : les conservatoires d’espaces naturels et le Conservatoire du littoral.

L’appui de ce panel d’acteurs métropolitains est indispensable pour porter auprès des ministères en charge de l’environnement et de l’outre-mer des améliorations législatives et pour se faire l’écho des attentes spécifiques des associations locales. La Guyane par exemple, est le seul département français où les espèces d’oiseaux non protégées sont, par défaut, chassables. Sur ce territoire où n’existe pas de fédération de chasse, il n’y a ni période définie, ni quota, ni permis de chasse. De tout le bassin amazonien, la France est ainsi presque le seul pays où le tapir, espèce pourtant menacée, est chassable. Heureusement les dernières « orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats » ont permis d’interdire sa commercialisation.
Parfois, les pays frontaliers de la Guyane comprennent mieux ses enjeux écologiques que la France. Une incohérence à laquelle il est urgent de remédier, en s’inspirant, si nécessaire, du cadre législatif souvent plus strict de nos voisins en matière de protection de la biodiversité.