Massif du Sancy (Auvergne)

Sentiers dégradés. Techniques pour les restaurer

 
Méthodes - Techniques

Thierry Leroy
Conservateur, Réserve naturelle de Chastreix-Sancy
Jean-Claude Biget
Chef de projet à l’ONF
 

Années 2000, un constat s’impose : les sentiers des crêtes du Puy Ferrand et du Puy de la Perdrix sont en mauvais état : érosion, ravinement, surcreusement, élargissement, verrue paysagère… Certaines espèces floristiques patrimoniales sont même menacées par le piétinement.

Voir. La dégradation des sentiers provient essentiellement d’une fréquentation touristique importante facilitée par la mise à disposition de deux téléphériques des stations de ski de Superbesse et du Mont-Dore. Environ 150 000 personnes fréquentent le site en saison estivale. L’altération est accentuée par le caractère érosif des sols et les conditions climatiques montagnardes.
Aussi, après réflexion, l’équipe des réserves naturelles choisit de relever le défi, et, plutôt que d’interdire ou de réduire la fréquentation, elle choisit d’aménager les sentiers en conséquence, dans le respect de la nature et des paysages.
En 2001, une première étude est réalisée sur l’ensemble du Sancy. Elle aboutit à la programmation de trois tranches de travaux1. Elles se dérouleront entre 2005 et 2009 sur trois itinéraires et feront appel chacune à des techniques différentes.

Réfléchir. Pour chaque tranche, on procède par étapes :
• l’analyse de la fréquentation a pour objet d’identifier les itinéraires empruntés et les effectifs de randonneurs ;
• le diagnostic de la végétation et de la flore patrimoniale permet d’extraire les secteurs sensibles des zones de travaux ;
• l’analyse des sols et des sous-sols, leur réaction au piétinement et à l’érosion ainsi que l’historique des chemins par interprétation des photos aériennes, permet aux spécialistes de proposer des techniques d’aménagement et des matériaux ;
• l’étude de faisabilité des travaux intègre les trois études préalables. Elle précise les modes opératoires et les moyens nécessaires.
Ces différentes étapes vont permettre de rédiger et d’argumenter la demande de travaux en réserve naturelle ainsi que d’élaborer le cahier des charges.

Agir./ Réserve naturelle oblige, la philosophie générale est de limiter l’artificialisation des aménagements et d’utiliser les ressources locales. Les travaux sont donc préparés dans un souci d’exemplarité. Ceci se traduit par :
• l’héliportage des matériaux (terre végétale, planches et piquets…) et du matériel (mini-pelle…) afin de limiter tout impact de véhicule terrestre sur les sols et la végétation ;
• l’utilisation de matériaux non traités et biologiques (bois, toile coco…) ;
• la réalisation des travaux en septembre : hors période de végétation ;
• ­­­­­­l’utilisation de terre et de graines natives locales. Ces graines sont récoltées manuellement par les gardes nature. Elles sont ensuite séchées et préparées, afin d’être semées sur les zones de travaux.
Les aménagements font l’objet d’un suivi photographique diachronique (tous les ans, une photo du même endroit) et d’un suivi floristique, afin de mesurer la reprise de la végétation.
Le sentier du versant ouest du Puy de la Perdrix a fait l’objet de relevés laser-scanner en trois dimensions avant et après travaux, ce qui a permis de mesurer avec précision les changements de topographie et les volumes. L’entretien s’avère également être une dimension primordiale. L’équipe s’assure, en particulier, de la bonne évacuation des eaux, ce qui nécessite une remise en état des tranchées drainantes après chaque hiver et chaque gros épisode pluvieux.

1. Travaux réalisés sous maîtrise d’ouvrage du syndicat mixte du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne et sous maîtrise d’œuvre de l’Office national des forêts.