Un sol est-il capable de se reconstituer seul ?

 
Le Dossier

Antonio Bispo
Ingénieur Sol et environnement, service Agriculture et forêts, Ademe

 

On sait que la résilience d’un sol est liée à sa diversité biologique. Plus il est riche en micro-organismes et macro-organismes, plus il a de chance de « récupérer ». Les scientifiques, ceux de l’Inra de Dijon par exemple, cherchent d’ailleurs à identifier cette richesse biologique par le biais de la caractérisation de l’ADN contenu dans le sol. Ils ont découvert une très grande diversité génétique dont on avait, jusqu’alors, aucune preuve. Ils établissent actuellement une carte nationale de diversité génétique des bactéries.
Difficile en revanche, de dire combien il faut de temps pour qu’un sol se régénère. Certaines expériences de reconstitution de sol sont effectuées sur des sols pollués, très dégradés, par l’université de Lorraine. Elles consistent, par exemple, à mélanger compost et terres dépolluées puis à y ajouter des organismes tels des vers de terre ou des collemboles. Au bout de six mois/un an, on s’aperçoit que ce système fonctionne un peu comme un sol. Mais ce n’est pas vraiment un sol. Plutôt que d’avoir un site dégradé où rien ne pousse, on recrée un système paysager qui se tient. Mais de là à avoir un vrai sol ! Disons qu’on va pouvoir l’orienter vers un ou deux services comme produire de la biomasse ou réguler l’eau.
La recolonisation d’un sol par les espèces, c’est autre chose : un long processus. Certains programmes de recherche cherchent à caractériser cette vitesse de recolonisation, de refonctionnalisation du système.