Métier

Pédologue, un travail de terrain peu connu

 
Le Dossier

Clément-Blaise Duhaut
Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Normandie
Aurélien Noraz
Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Normandie
 

Pédologue. Le métier est peu connu. Son application s’intègre à de nombreux domaines tels que l’agronomie, la sylviculture, l’aménagement du territoire et la gestion d’espaces naturels. En Haute-Normandie, une étude en cours permet de mieux cerner ses compétences et d’illustrer son appui dans la conservation de la biodiversité. Le Conservatoire d’espaces naturels réalise en effet, depuis fin 2010, une cartographie régionale des zones humides en s’appuyant uniquement sur des critères pédologiques.
Pour réaliser cette mission, la méthodologie s’appuie sur le référentiel pédologique1 (2008) de l’Association française pour l’étude du sol. Ainsi, un sol est hydromorphe s’il est engorgé en eau à moins de 50 cm de sa surface, au moins une partie de l’année.
Pour le pédologue, la première étape est de localiser sur les cartes existantes, les secteurs où une nappe d’eau peut potentiellement affleurer.
C’est ensuite dans les alluvions de fond de vallée, aux alentours des sources de pied de coteau, qu’il va mener ses investigations de terrain.
Il réalise alors, avec une tarière manuelle, un sondage jusqu’à 1,20 m de profondeur. L’analyse de la carotte de sol prélevée demande un savoir-faire et une certaine pratique pour différencier toute une gamme de textures et couleurs. Ici, pour identifier une zone humide, le pédologue recherche et étudie les traces de fer dans le sol.
Dans le cas d’un engorgement temporaire, le fer solubilisé migre et, quand le niveau de la nappe baisse, il se reprécipite localement en prenant, au contact de l’oxygène, une couleur rouille (fer oxydé). Dans un sol saturé en permanence et sans oxygène, la présence de fer se traduit par une couleur gris verdâtre (fer réduit). Enfin, dans certains cas, l’eau peut empêcher la dégradation des matières organiques qui vont s’accumuler et former des sols tourbeux (histosols).
Chaque sondage pédologique est localisé au GPS puis archivé dans des tablettes informatiques sous forme de fiches descriptives et va enfin incrémenter une base de données.
Sur le terrain, l’interprétation du paysage permet également de tracer les contours de la zone humide. Par exemple, une rupture de pente correspond souvent à un changement pédologique et parfois à une limite entre zone humide et non humide.
La carte ci-contre illustre l’aboutissement de ce travail finalisé sous système d’information géographique. Cette cartographie des sols permettra au conservatoire d’identifier les zones potentiellement restaurables afin d’y mener, à terme, des actions de reconquête et de sauvegarde des zones humides.

1. Arrêté du 1er octobre 2009