La poupée russe administrative
Le Parc naturel régional Millevaches en Limousin s’est assuré que toute lande sèche agricole (classée ou non Natura 2000) peut prétendre à des aides agroenvironnementales.
Au départ, il y a les bruyères du plateau de Millevaches, immenses étendues de landes qui ont contribué à façonner l’image des hautes terres limousines : âpre et austère. Puis le scénario classique de la déprise agricole, qui s’est enclenché à partir des années 1930 : exode rural, boisement et spécialisation du système d’élevage, ici en production de broutards destinés à l’engraissement.
Changement d’époque et de paysage, les bruyères ont perdu 95 % de leur surface dans la deuxième moitié du 20e siècle, essentiellement au profit de prairies et peuplements forestiers (la plupart résineux). D’où une volonté pour le jeune (2004) Parc naturel régional de Millevaches en Limousin de mettre la conservation des landes au premier plan de ses actions en faveur du patrimoine naturel. Pour le PNR, l’objectif de sauvegarder les landes résiduelles présuppose de connaître parfaitement leur localisation. En compilant les différentes sources d’information (cartographies d’habitats, inventaire régional des landes sèches réalisé par le Cren du Limousin…), le système d’information géographique du parc recense 3 727 ha de landes, répartis entre 982 sites distincts. Reste alors à classer les landes en fonction de leur éligibilité aux différents contrats de gestion :
• Les landes sont-elles localisées dans les îlots de déclaration Pac (politique agricole commune) des agriculteurs ? Si oui, alors leur gestion ne pourra passer que par le système d’aides agricoles, et notamment les mesures agroenvironnementales. Surface concernée : 1 158 ha.
• Ces landes en gestion agricole sont-elles situées en site Natura 2000 ? Si oui, alors les crédits État/Feader sont mobilisés au titre de la mesure 214 dispositif I1 (enjeux Natura 2000) du programme de développement rural hexagonal (PDRH). Surface concernée : 952 ha. Si non, alors la mesure 214 du PDRH peut être également utilisée, mais cette fois-ci dans son dispositif I3 (autres enjeux environnementaux), appelant des financements autres que communautaires. Surface concernée : 206 hectares.
C’est dans ce dernier cas de figure que le parc a engagé un partenariat financier avec le conseil régional du Limousin, qui alimente une enveloppe suffisante pour permettre l’entretien de ces 206 ha de landes, soit en y favorisant le pâturage, soit en y promouvant des interventions semi-mécaniques. Entre 2008 et 2009, deux premières années de contractualisation, cinq agriculteurs se sont engagés dans ces mesures, sur une surface totale de 40 hectares.
D’ici 2012, cette action pourrait permettre de préserver 5 % des surfaces de landes sèches du PNR. Surtout, elle permet au parc de s’assurer que toute lande sèche située dans la surface agricole utile d’un agriculteur, qu’elle soit ou non rattachée à un site Natura 2000, peut prétendre à des aides agroenvironnementales.