Témoignage 2

« Contreproductif »

 

Espaces naturels n°28 - octobre 2009

Le Dossier

Jacques Bolle
Président de la Fédération française de motocyclisme

 

Notre perception de ce nouveau décret Natura 2000 est plutôt sévère. Avec ce décret, le risque est grand de voir se développer une pratique « sauvage » de l’enduro. Le texte prévoit, par exemple, que toute manifestation sur un site Natura 2000 devra être précédée d’une évaluation des incidences, voire d’une étude d’impact. En ce qui concerne les motos et quads, aucun seuil n’est fixé, qu’il s’agisse d’une manifestation d’ampleur internationale ou d’une petite épreuve régionale, les mêmes obligations s’appliquent. Pour les petites associations, le coût est totalement disproportionné. Elles n’ont pas les moyens de s’offrir ce type d’étude, ce qui conduira inéluctablement à la disparition de ces manifestations. Alors que va-t-il se passer ? Ne pensez pas que les passionnés vont renoncer à leur sport. Les uns ou les autres vont se réunir avec quelques copains, ils vont dévisser leur plaque d’immatriculation et, sans rien demander à personne, ils vont pratiquer l’enduro sans contrainte, sans s’inquiéter de l’impact sur les espaces naturels. Allez les contrôler !
Cette approche est clairement contreproductive. Par ailleurs, sur le long terme, elle diminue le poids de la Fédération qui a pour objet de contrôler et d’encadrer l’activité, de lui donner des règles de pratiques et d’éthique.
Tout ce passe comme si on voulait supprimer l’enduro. Savez-vous que même les sites permanents de pratique de sport moto, dès lors qu’ils sont situés sur un site Natura 2000, seront soumis à évaluation d’incidences ? Plutôt que de vouloir annihiler l’enduro et le sport moto, il vaudrait mieux aider la Fédération à renforcer son contrôle pour permettre un partage des zones Natura 2000, respectueux de l'environnement.