La biodiversité audible?

 

Espaces naturels n°47 - juillet 2014

Édito

Xavier Gayte
Directeur de l’Aten

Quelle satisfaction de prendre la plume pour introduire ce nouveau numéro de notre revue après ces premiers mois à la direction de l’Aten...
Le savoir-faire, l’expérience et les outils mis en place par notre GIP sont unanimement reconnus, bien au-delà de nos membres statutaires. La revue Espaces naturels possède, peut-être encore plus que d’autres, la marque de fabrique « aténienne » : une gouvernance large, des objectifs ambitieux, un produit fini unique et un sens de l’intérêt général toujours au coeur des préoccupations des acteurs de la revue. Cet outil d’information des professionnels de la nature est par essence un pouls de l’activité de nos membres apparaissant en filigrane au fil des rubriques. Si le sujet du dossier relatif aux sons, particulièrement original, témoigne de la capacité des gestionnaires à expérimenter, ne pourrait- on pas également y voir un message subliminal ?
Certes, le chant de la rainette méridionale ou du crapaud calamite fera toujours le bonheur (ou la désespérance !) des voisins des zones humides ; le brame du cerf  saisira toujours, même les plus aguerris ; un vol de guêpiers sera toujours aussi reconnaissable à l’oreille... Mais la biodiversité est-elle toujours audible ? N’a-t-on pas l’impression que cela est de moins en moins le cas ? Au moment où une loi cadre vient devant la représentation nationale, ne faudrait-il pas monter le son de la défense de la biodiversité ? D’aucuns diront que les professionnels des espaces naturels sont de piètres chanteurs, coutumiers de multiples canards. D’autres estimeront que l’hétérogénéité de la « chorale biodiversitaire » ne peut en aucun cas autoriser la production d’un son harmonieux...
Attention à ne pas sous-estimer les professionnels de la nature qui, rappelons-le, évoluent depuis toujours crescendo. Adeptes des défis à relever, ils savent faire preuve de constance, de pugnacité et très souvent d’inventivité. Loin de moi l’idée que la chorale en question puisse occuper le haut des hit-parades mondiaux. Par contre, elle est certainement capable de souffler à l’oreille des élus et des citoyens la douce mélodie du bon sens... de manière à ne pas avoir à monter le son !