Utiliser le son pour avertir

 

Espaces naturels n°47 - juillet 2014

Le Dossier

Antoine Szadeczk
LPO France

 

Les méthodes d’effarouchement sonore sont nombreuses : diffusion de cris de prédateurs ou d’oiseaux en détresse, sirènes, canons sonores, ultrasons. Quelle qu’en soit la raison, toute stratégie d’éloignement doit prendre en compte le fonctionnement de l’espèce visée.

Commençons par dire qu’il faut s’adapter à l’espèce ciblée. Par exemple, les ultrasons sont inefficaces pour les oiseaux : il les entendent très mal. Ensuite, la manière dont les sons sont diffusés semble primordiale. L’inconvénient des méthodes acoustiques est en effet leur caractère éphémère. Les oiseaux s’habituent vite aux sons répétés et s’en accommodent d’autant mieux que le milieu est particulièrement adapté à leurs besoins. L’enjeu, lorsqu’on les utilise, consiste donc à rendre le milieu inhospitalier pour les individus en raison du sentiment d’insécurité qu’ils y développent.

Les meilleures stratégies d’effarouchement consistent à analyser le cycle de vie des espèces visées afin de diffuser des sons de manière ciblée et hétérogène, aux moments où ils ont le plus d’impact, et de manière à laisser peu de répit aux oiseaux. De façon générale, la combinaison de plusieurs dispositifs est préférable à l’emploi d’une méthode unique. D’ailleurs, une plus grande efficacité de l’éloignement passe souvent par l’utilisation de méthodes complémentaires : effarouchement visuel, aménagement du milieu, etc. Même à ces conditions, l’effarouchement acoustique ne saurait exclure la nécessité de renouveler plus ou moins régulièrement les interventions sur sites. Parmi la multitude de techniques utilisées, l’effarouchement acoustique est souvent sélectionné pour sa facilité de mise en oeuvre.

À l’inverse des tirs, piégeages et destructions diverses dont l’efficacité est faible en raison des fortes capacités de résilience de telles populations, les dispositifs sonores offrent la possibilité d’éloigner au moins temporairement les populations. En outre, ils permettent de trouver des solutions satisfaisantes dans le cas où l’espèce considérée est protégée par la loi. Mais il reste important de s’assurer en amont qu’aucune solution de cohabitation entre espèces et activités humaines n’est possible.