HOMMAGE

« Pour découvrir un pays, pour se fondre dans la nature, rien ne vaut la marche à pied ! »

 

Espaces naturels n°68 - octobre 2019

Lecteurs penseurs

Xavier Gayte

Suite au décès de Jean-Pierre Feuvrier en août, Xavier Gayte, qui l'a notamment cotoyé au Cen Savoie, revient sur son parcours et lui rend hommage.

Jean-Pierre Feuvrier reçoit la « Pensée sauvage » des mains d'Éric de Kermel pour marquer son implication dans le réseau des Cen - Congrès des Cen / RNF (2011). © Cen Savoie - Philippe Freydier

Jean-Pierre Feuvrier reçoit la « Pensée sauvage » des mains d'Éric de Kermel pour marquer son implication dans le réseau des Cen - Congrès des Cen / RNF (2011). © Cen Savoie - Philippe Freydier

« Rien ne vaut la marche à pied ! », c'est ce que m'a dit Jean-Pierre Feuvrier, qui nous a quittés le 6 août dernier, quand je cherchais une phrase pour introduire un fi lm sur le massif des Bauges. Les valeurs que portait Jean-Pierre et qu’il a su infiniment transmettre sont finalement toutes là : celles et ceux qui ont été son compagnon de route à un moment donné ou à un autre ont pu constater son inextinguible amour de la nature. Que ce soit pour déterminer, en tant qu’ancien forestier, une espèce d’arbre, s’interroger sur la présence d’une espèce nitrophile dans un milieu naturel ou s’émerveiller devant la beauté d’une espèce commune, Jean-Pierre avait un oeil averti et une connaissance du terrain assez uniques.
Cette appétence pour la nature, il l’a mise au service de la préservation, notamment à travers une capacité à convaincre et à transmettre qui ont permis la concrétisation de nombreux projets de protection. Il est aussi à l'origine de la vocation de plusieurs générations d’acteurs des espaces protégés (dont je fais partie !) qui ont pu s'appuyer sur son expérience et ses valeurs. Oui, je pense qu’il y a aujourd’hui des acteurs de la protection de la nature qui peuvent se revendiquer de la branche du « feuvriérisme », tant son influence a été grande. Il a fait partie de ceux qui ont imaginé le concept de PNR dans les années 1960, en faisant émerger, en particulier le PNR du Vercors dans les années 1970. Il a contribué fortement à la vie et à l’ancrage territorial des parcs nationaux. Il a été le président emblématique du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Il a aussi animé de main de maître le conseil économique social et culturel du Parc national de la Vanoise... Toutes ces actions ont laissé une empreinte indélébile dans le paysage national français.

Parler de Jean-Pierre sans évoquer la randonnée serait une gageure : il l’a souvent dit, c’était, « après sa femme et la nature », sa troisième passion ! Qui a randonné auprès de lui se souviendra de son endurance et de sa façon subtile de faire passer des messages. Alors que j'étais avec lui dans un alpage de moyenne montagne il me dit « finalement cette biodiversité autour de nous c’est une forme de produit connexe de l’activité agricole non ? ». C’est avec une grande émotion que j’ai écrit ces quelques lignes… le plus bel hommage que l’on puisse rendre à Jean- Pierre sera de continuer, sans relâche, le chemin qu’il nous a tracé.

Jean-Pierre Feuvrier. © Cen Savoie - Philippe Freydier