Expérimenter en plaine de La Crau

Restaurer la végétation steppique par aspiration et transfert de foin

 
Une technique qui promet

Espaces naturels n°29 - janvier 2010

Le Dossier

Clémentine Coiffait Gombault
IUT Avignon/Imep
Élise Buisson
IUT Avignon/Imep
Thierry Dutoit
IUT Avignon/Imep

Le transfert du foin est une technique bien connue des agriculteurs qui l’utilisent depuis plusieurs siècles pour créer ou enrichir les prairies en plantes fourragères. Ici, dans la plaine de La Crau (Bouches-du-Rhône), elle a été expérimentée dans le but de restaurer une formation herbacée méditerranéenne de type steppique.
La technique est simple puisqu’elle consiste à faucher un couvert herbacé riche en espèces au moment où le maximum de plantes a fructifié. Il s’agit ensuite d’exporter le produit de fauche, composé de graines et de débris végétaux divers, pour finalement le disperser sur un espace que l’on souhaite enrichir. En Europe du Nord, la méthode a fait ses preuves dans des opérations de restauration écologique. Elle a permis la réintroduction d’espèces inféodées aux pelouses sèches et l’augmentation de la richesse spécifique de friches post-culturales. L’étude visant à tester son efficacité en milieu méditerranéen a été mise en place en 2006 dans la plaine de La Crau. L’originalité réside dans le fait qu’en plus du fauchage manuel à 20 cm de hauteur, les produits de fauche ont ensuite été prélevés grâce à un aspirateur à feuilles (photo 1). Ce dispositif a été rendu obligatoire par les gros galets qui recouvrent le sol sur plus de la moitié de sa surface.
Pendant la saison estivale, le foin a été conservé au sec, puis, après les premières pluies automnales, il a été épandu sur des terres « remaniées » suite au passage d’une canalisation enterrée (photo 2). Afin de favoriser la germination et de limiter la perte des graines contenues dans le foin, le sol a été préalablement hersé, les placettes ont été arrosées avant et après l’épandage. Un grillage a été appliqué pour éviter la dispersion par le mistral.
Cette technique s’est révélée très efficace. Deux ans après, la richesse végétale observée dans les quadrats (photo 3) avait significativement augmenté et l’on notait la réintroduction d’espèces caractéristiques de la végétation steppique (thym, avoine, pimprenelle, sauge…) On a ainsi compté vingt-cinq espèces sur 0,4 m2 contre treize espèces sur le sol n’ayant pas fait l’objet d’épandage. Reste encore à tester cette technique sur une plus grande surface.