Plaine de La Crau (Bouches-du-Rhône)

Le projet de restauration du site de Cossure expérimente un mode de gouvernance

 

Espaces naturels n°29 - janvier 2010

Le Dossier

Michel Oberlinkels
CDC Biodiversité - chef du projet
Robin Rolland
Dreal Paca
Marc Beauchain
DDAF 13

Le projet de restauration du site de Cossure repose sur quatre cercles d’acteurs. Efficace ?

Mené sur le site du Cossure (Bouches-du-Rhône), le projet vise le retour vers un paysage et une formation de type steppique de La Crau sèche d’un verger industriel abandonné. Cette opération de génie écologique offre l’occasion d’une double expérimentation : scientifique certes, mais également relative au mode de gouvernance.
Dans un premier temps, et sous l’impulsion de la DRAF (redevenue DDAF) avec le soutien du ministère en charge de l’écologie, un comité de pilotage, composé d’acteurs concernés par l’avenir de La Crau (gestionnaires d’espaces naturels, d’associations, de représentants de l’État) se sont entendus sur la destination du foncier. Le consensus s’est établi sur la mise en place de parcours extensifs en direction de l’élevage ovin ainsi que sur une gestion favorable à l’avifaune des coussouls.
La Safer a été chargée de mettre en œuvre la transaction. Le pilotage a été proposé à CDC Biodiversité (cf. encart).
La Dreal Paca a mis en place le processus de gouvernance qui s’appuie sur quatre cercles d’acteurs :
• Le premier cercle, national, traite de l’expérimentation du mécanisme de compensation. Il a également pour mission d’analyser et de décider des grands principes applicables à d’autres sites expérimentaux.
• Un second cercle, local celui-là, réunit des scientifiques et des gestionnaires d’espaces naturels. Leurs rencontres ont vocation à traiter de la méthodologie de la mise en œuvre du projet.
• Un troisième cercle (le plus élargi et toujours local) relève de l’aspect technique et de sa gestion quotidienne. Par exemple, il traite des enjeux fonciers et agricoles du territoire de La Crau.
• Le quatrième cercle est piloté par CDC Biodiversité. Tous les trois mois, les chambres d’agriculture, université d’Avignon, DDAF, Dreal, gestionnaires de la réserve… se réunissent pour traiter d’ingénierie, de restauration écologique, ou encore de reconversion pastorale à venir.
C’est à ce type de gouvernance, propice au dialogue et à l’échange, que l’on doit d’avoir pu dégager des objectifs consensuels. Cette gouvernance a, par ailleurs, permis de faire évoluer les idées. Il en est ainsi de la conception des équipements pastoraux vers la construction de bergeries durables en bois, de l’interdiction de clôtures fixes, ou pour trancher la question de l’opportunité de pratiquer la chasse sur le site.
Les quelques mois d’expérimentation sont certes insuffisants pour analyser en finesse la pertinence de cette gouvernance. Des premiers questionnements se dégagent cependant sur la complexité du dispositif. Quatre cercles d’acteurs, est-ce judicieux ? D’autant que, dans les faits, certaines personnes sont sollicitées plusieurs fois. Et, puisqu’il s’agit d’une expérimentation, on évoque une possible simplification à trois cercles : un national et deux locaux.