La restauration du capital naturel : un enjeu social et économique

 

Espaces naturels n°29 - janvier 2010

Le Dossier

James Aronson
Chercheur, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier

 

Et si l’on intégrait les préoccupations de conservation de la nature dans les circuits économiques ?

«Le bien-être des populations humaines dépend de la santé des écosystèmes et de la qualité des services naturels qui en résultent. » Ce message est celui porté par la notion de RCN, à savoir la Restauration du capital naturel. En effet, à l’instar de la restauration écologique, stricto sensu, la RCN vise à améliorer la résilience et la résistance des écosystèmes. Cependant, elle répond également, et explicitement, aux attentes socio-économiques de nos sociétés humaines.
Clairement, la Restauration du capital naturel vise le réapprovisionnement des stocks du capital naturel pour améliorer à long terme le bien-être humain et la santé des écosystèmes. Étant entendu que le capital naturel consiste en l’ensemble des écosystèmes et la biodiversité des paysages écologiques (cf. encart) dont les hommes dérivent les services et produits qui améliorent leur bien-être sans coût de production.
Ainsi la RCN comprend :
- la restauration des écosystèmes terrestres et aquatiques ;
- l’amélioration écologique et durable des terres soumises aux pratiques agricoles ou autres activités de production ;
- la promotion de l’utilisation ou extraction durable et moins polluante des ressources biologiques et minérales ;
- la mise en place d’activités et de comportements socio-économiques intégrant des considérations environnementales et la gestion durable du capital naturel.
La RCN inclut donc la restauration écologique mais développe une vision plus large, en considérant les systèmes de production et d’extraction à l’échelle des paysages, en incorporant explicitement des liens avec le capital humain et social. De ce fait, elle fait également appel à l’économie et aux autres sciences sociales (exemple dans l’encadré).
Ainsi, il paraît possible que la science dite économie écologique, d’une part, et l’écologie de la restauration, d’autre part, soient actuellement sur le point de forger une réelle interdisciplinarité pour faire face aux problèmes pressants qui se dessinent à l’échelle planétaire. En fait, la Restauration du capital naturel s’avère être une passerelle conceptuelle et pratique entre la conservation de la nature et le développement durable. Elle est de ce fait un outil clé dans la quête de l’humanité pour un futur durable et désirable.