Les terrils : patrimoine à muséifier ou nature à accompagner ?
Il ne fait aucun doute que les terrils du Pays à Part (Pas-de-Calais) font partie d'un patrimoine à préserver et à transmettre. Ils témoignent de l'histoire industrielle du XX e siècle. C'est pourquoi en 2012, le conseil départemental du Pas-de-Calais fait l'acquisition du site du Pays à Part et des Falandes afin d'intégrer ces terrils à sa politique ENS.
Eden 62 en est alors le gestionnaire. La même année, le bassin minier Nord-Pas-de-Calais est classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de paysage culturel évolutif.
Eden 62 a mis en place un sentier d'interprétation adapté au grand public proposant un contenu à la fois naturaliste et historique. Il fallait en effet prendre en considération l'identité minière : on ne gère pas seulement la nature, on gère un patrimoine, vecteur de la transmission d'un devoir de mémoire. Grâce à quelques éléments encore présents sur le site (les têtes des trois puits, les traverses issues des rampes aménagées mais aussi et surtout le cavalier qui servait à acheminer les schistes), le public voit l'évolution depuis la fin de l'exploitation.
« Pour que les habitants acceptent, en quelque sorte, qu'on laisse la nature reprendre ses droits sur le site, il fallait redonner la perspective historique originelle, favoriser la prise de conscience de ce patrimoine valo risant, » explique Anthony Codron, animateur-patrimoine à Eden 62. C'est pourquoi d'autres panneaux expliquent le paysage il y a des millions d'années. Comment était le paysage au Carbonifère ? (Composé essentiellement de grandes forêts...). Comment était le Pas-de-Calais il y a 80 millions d'années ? (Au fin fond d'une mer tropicale....). Plusieurs panneaux présentent la faune et la flore par milieu : la mare, la roselière, quels types d'espèces rencontre-t-on sur ces milieux ? Un autre panneau explique aussi l'intérêt aujourd'hui des pelouses schisteuses, car on ne le sait pas toujours, mais les terrils offrent une diversité faunistique et floristique non négligeable. Malgré un sol pauvre, nu et sec, une végétation s'y développe, des mousses, des lichens, des plantes comme le pavot cornu ou la vipérine. Un second sentier existe également doté de bornes multimédia équipées de QR CODE à flasher qui renvoient sur des photos commentées du site, à l'époque de l'exploitation minière. Le public se fait ainsi une idée plus concrète de l'époque de l'exploitation.