Traditions

Identifier le culturel avec les habitants

 

Espaces naturels n°53 - janvier 2016

Le Dossier

Claire Couly, service patrimoine naturel et culturel

À Papaïchton, au bord du fleuve Maroni, le Parc amazonien de Guyane et la DAC (Direction des affaires culturelles) ont mené une démarche conjointe avec les élus, les autorités coutumières et les habitants pour décider comment restaurer des cases traditionnelles présentant une forte dimension culturelle.

Une case traditionnelle aluku, à Boniville (commune de Papaïchton). Des motifs tembés sont peints sur la façade

Une case traditionnelle aluku, à Boniville (commune de Papaïchton). Des motifs tembés sont peints sur la façade. © Parc amazonien de Guyane – Guillaume Feuillet

L’année prochaine, six premières cases traditionnelles aluku vont être restaurées à Papaïchton, dans les écarts de Boniville et Loka. L’aboutissement d’un important travail de concertation mené par le Parc amazonien et DAC de Guyane avec la population.

En 2012, un premier inventaire des cases traditionnelles a été mené dans ces deux villages. L’année suivante, un diagnostic architectural (description, typologie, état de conservation du bâti, organisation des villages) a été réalisé. Pour aller plus loin que ces descriptions techniques, le Parc amazonien et la DAC ont appuyé, en 2014, la mise en place d’une médiation culturelle, qui visait à fournir à la mairie de Papaïchton des éléments d’aide à la décision. Cette médiation devait notamment permettre de préciser et de formaliser la volonté de la municipalité, des autorités coutumières et des habitants dans le domaine de la conservation et de la valorisation de leur patrimoine bâti. Il s’agissait également de déterminer les cases à restaurer en priorité. Six cases traditionnelles ont été identifiées. Celles-ci ne sont plus habitées, mais elles restent utilisées lors des cérémonies traditionnelles. Elles revêtent en effet une forte dimension patrimoniale, liée à l’histoire des Alukus. Lors de la médiation, les participants ont insisté sur l’importance de conserver certains éléments des bâtis, qui font sens pour eux. C’est le cas des tembés, ces dessins traditionnels noir-marron comportant des significations symboliques, peints à l’entrée des maisons. C’est également le cas des poutres centrales des charpentes. Les participants ont par contre demandé que des améliorations soient apportées, dans le cadre de la restauration. Que le sol, actuellement en terre battue, soit par exemple remplacé par une dalle cimentée. Que certaines pièces, en bois rond, soient changées par des pièces en bois scié. Ou encore, que les maisons soient rehaussées. La médiation culturelle a permis de faire ressortir que la notion de patrimoine qui faisait sens pour la population relevait plus de la fonction du bâtiment, et des savoirs associés à sa construction, qu’au bâtiment lui-même.

Les travaux de restauration commenceront dans les prochains mois. Quatre jeunes de la commune vont en profiter pour se former aux techniques traditionnelles, avec un artisan de la commune. C’était, là encore, un élément fondamental soulevé lors de la média­ tion culturelle : la transmission des savoir-faire traditionnels.