L’empreinte écologique

 

Espaces naturels n°52 - octobre 2015

Des mots pour le dire

Christian Perennou, Fondation Tour du Valat

De plus en plus médiatisé dans le monde de la conservation et du développement durable, notamment par le WWF, ce concept repose sur la surface de terres productives nécessaires pour fournir les biens et services qu’utilisent les humains, et pour absorber leurs déchets. Calculée à diverses échelles (globale, nationale...), et exprimée en « hectares globaux » par habitant, l’empreinte permet des comparaisons entre pays. Elle est souvent comparée à la biocapacité, qui est la capacité intrinsèque de production et d’absorption des écosystèmes.

À l’échelle mondiale, la biocapacité totale (13,6 milliards d’hectares-globaux) est très largement dépassée par l’empreinte écologique totale (18,1 milliards en 2010), d’où la notion que l’humanité a dépassé les limites du globe et consomme plus que la planète ne peut produire. En extrapolant des valeurs nationales, on peut ainsi affirmer que si tous les habitants de la planète avaient un mode de vie similaire à un Américain moyen, il faudrait 3,9 planètes (1,5 planètes pour un Argentin moyen ; 4,8 pour un Qatari). Ce concept est donc un moyen puissant de disséminer des messages parlants sur la non-durabilité du mode de vie d’une bonne partie des habitants de la planète – parlants car permettant la comparaison de chacun avec les pays voisins. De même, le « jour du dépassement » est un concept qui symbolise le moment de l'année auquel nous commençons à vivre au dessus de nos moyens écologiques. En 2013, il s’agissait du 20 août – 2 mois plus tôt qu’en 1993.

Plus récemment un concept dérivé, l’empreinte-eau, a aussi émergé à partir de recherches menées aux Pays-Bas. Dans le même esprit, il compare l’eau effectivement consommée ou polluée par des pays, entreprises, activités économiques... avec la fraction de l’eau douce qui serait réellement disponible pour les usages humains, si on laissait aux écosystèmes la quantité nécessaire à leur bon fonctionnement. Des nombreux indices exprimant la pression sur la ressource en eau, c’est le seul à prendre aussi fortement en compte ces besoins écosystémiques.
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