Le dossier lu par... Hélène Cauchoix

 

Espaces naturels n°69 - janvier 2020

Le Dossier

Hélène Cauchoix, Co-présidente de l'Institut de la concertation et de la participation citoyenne

Hélène Cauchoix

Convaincre, rendre acceptable, multiplier les ambassadeurs, trouver les bonnes actions, changer les pratiques, renouveler un conseil d’administration… Les intentions qui motivent tout un chacun à associer les habitant.e.s à ses actions et à mettre en place la participation, sont multiples. Pour autant, sont-elles compatibles avec les besoins des habitant.e.s visé.e.s ? Les modes d’engagements, d’implication et de facilitation sont-ils adaptés ? Finalement, qu’attendons-nous de la participation citoyenne ?

L’HABITANT N’EST PLUS UNIQUEMENT UN PUBLIC, MAIS UNE RESSOURCE

Rappelons que les questions de participation citoyenne ont pris place dans le débat et les modes de gouvernance des territoires, dans les années 1980. Elles sont apparues à l’époque sous trois formes.

  • La résistance rurale : l’auto-organisation et l’implication des citoyen.ne.s pour faire vivre services et économies locales.
  • Les luttes urbaines : une révolte contre un système et son organisation pour demander plus de justice sociale, plus de transparence et plus de place.
  • La controverse scientifi que : l’indiscutabilité des faits scientifi ques remise en question par les savoirs et les usages des habitant.e.s.

Depuis peu, la cause « militante » participative est devenue un fait, une réalité sociale avec laquelle chaque métier, chaque politique publique, chaque acteur doit composer. Avec le grand débat national ou la conférence climat, la participation citoyenne a pris une dimension nationale. Par ailleurs, elle revêt différents niveaux d’engagement. Cela part de l'amélioration de la communication : présenter ce qui est décidé, pourquoi, avec une traduction des informations pour être accessible à tous. Cela se poursuit par l’implication des habitants dans la production d’un diagnostic, la co-construction d’un projet, d’un plan de gestion, une intégration plus participative dans les réalisations jusqu’à une codécision. L’habitant.e n’est plus uniquement un public, mais devient une ressource : pour rendre plus efficace et plus juste une action en situation, pour être en dialogue avec les élus, contribuer à une politique publique partagée, un budget copiloté, des orientations révisées ensemble...

N’oublions pas de prendre en compte dès le début d'une démarche participative, les besoins propres des femmes et des hommes que l'on souhaite mobiliser, plutôt que de mettre l'accent sur les réticences ou un défaut d’engagement attendu. De la même manière, il faut prendre soin des décideurs et des professionnels qu’on engage dans ces démarches. En effet, tout en donnant du sens à l’action, elles sont source d'inconfort pour le porteur de projet : ré-inventer les modes d'organisation et d'animation pour lever les freins, co-évaluer, ne plus chercher à convaincre, mais à écouter. Ce sont des postures nouvelles. Les pratiques de mobilisation continuent à s’inventer sur les territoires, ce dossier nous en raconte certaines : ils ont osé, ils se sont donné le droit à l’erreur et au dialogue permanent. Continuons à partager nos bonnes idées pour apprendre tout au long de la vie : la participation citoyenne est aussi de l’éco-formation.