La biodiversité, c’est la vie. Mais la biodiversité se meurt

 

Espaces naturels n°29 - janvier 2010

Édito

Chantal Jouanno
Secrétaire d'État à l'Écologie

En 2002, nombre de pays s’étaient engagés à diminuer significativement la perte de biodiversité d’ici à 2010. La France était de ceux-là. Mieux, nous avions pris l’engagement « d’arrêter l’érosion de la biodiversité ». Or, les faits sont là : 10 % des récifs mondiaux sont en territoire français. La moitié d’entre eux sont menacés, 378 espèces animales et 486 espèces végétales remarquables sont en danger en métropole comme en Outre-mer, plus de 50 % de la surface des zones humides françaises a disparu… autant dire que la France n’aura pas respecté son engagement d’ici à Nagoya, à l’automne 2010. Nous ne serons pas les seuls, certes… mais cela n’excuse rien.
Nous avons donc fixé un rendez-vous entre les citoyens et les espèces, c’est « 2010, l’Année de la biodiversité ».
En effet, si chacun est dépositaire de la biodiversité dans son jardin, sur son balcon, dans le square de son quartier…, 65 % des Français ne savent toujours pas définir le mot. Voilà pourquoi j’ai souhaité que, l’année prochaine, la France fasse de la biodiversité un enjeu central, collectif et populaire.
Nous allons commencer en lançant la construction de la continuité écologique : la Trame verte et bleue. Son emprise sillonnera le pays pour réduire la fragmentation et la vulnérabilité des écosystèmes. Nous lancerons également « l’Atlas local de la biodiversité » dont l’objectif est double : améliorer la connaissance de la biodiversité à l’échelle des communes ou des inter-communes et sensibiliser les acteurs locaux aux enjeux de cette biodiversité.
Nous soutenons la construction d’une plateforme nationale des sciences participatives pour que les observations de chacun contribuent à la connaissance générale. Chaque Française ou Français pourra y participer. Nous mettrons parallèlement en place un Observatoire national de la biodiversité afin de mutualiser les données et améliorer notre connaissance. Nous poursuivrons aussi le grand chantier de la Stratégie nationale de la biodiversité en mettant l’accent sur son ancrage dans tous les territoires.
Par ailleurs, trois parcs nationaux doivent voir le jour (parc national méditerranéen prévu fin 2010 ; parc national forestier entre Champagne et Bourgogne ; parc national de zone humide dont la localisation reste à identifier), tel que prévu dans l’article 23 du Grenelle.
Le rôle des gestionnaires d’espaces naturels est essentiel : ils assurent la pérennité des principaux réservoirs de diversité biologique, ils constituent le noyau du réseau d’observation et de suivi de la nature, ils alimentent par leur connaissance du terrain les réflexions stratégiques.
Il faut, maintenant, faire de nos concitoyens des ambassadeurs, mieux, des sentinelles de la biodiversité. Or, lever une armée sera certainement la première des batailles et la plus difficile à livrer. Mais je suis confiante.