La station de lagunage s’est avérée favorable à la biodiversité
Pour traiter les eaux usées, la ville de Rochefort a opté pour le lagunage extensif, créant ainsi une zone humide artificielle sur des terrains de faible valeur naturelle. Celle-ci abrite aujourd’hui de nombreuses espèces d’oiseaux qui bénéficient du zooplancton généré.
Voici une vingtaine d’années, la ville de Rochefort (Charente-maritime) devait agrandir sa station de traitement des eaux usées située en bordure du fleuve Charente. Après réflexion, et en collaboration avec la Ligue pour la protection des oiseaux, la municipalité opte pour la technique du lagunage extensif.
L’équipement, qui s’intègre dans cet espace de marais, s’étend sur 70 hectares et comprend six plans d’eau d’une superficie totale de 35 hectares (de 1,40 à 1 m de profondeur).
Dans le cadre des mesures compensatoires et pour augmenter la biodiversité du site, la Ligue pour la protection des oiseaux propose l’aménagement de deux bassins supplémentaires de onze hectares sur lesquels est menée une gestion des niveaux d’eau et de la végétation.
La réalisation de cet équipement artificialise une partie du marais de Rochefort. À l’époque, cependant, celui-ci avait perdu sa vocation de zone humide, et présentait une diversité biologique faible du fait du non-entretien du réseau hydraulique et de l’arrêt, depuis six ans, de l’élevage extensif sur les prairies.
Depuis sa création, la station de lagunage est devenue un site majeur de la façade Atlantique pour de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques (canard souchet, fuligule milouin et morillon, mouette pygmée, guifette noire…) qui bénéficient de l’abondance de zooplancton engendrée par cette technique naturelle de traitement des eaux usées. Les bassins aménagés servent de halte migratoire ou de site d’hivernage pour de nombreux limicoles (bécassine des marais, barge à queue noire, combattant varié…) et de zone de reproduction pour l’échasse blanche, l’avocette élégante, la sarcelle d’été…
De plus, l’extension de la roselière sur les berges de fleuve constitue un milieu très apprécié pour de nombreux passereaux paludicoles (rousserolle, bruant, phragmite…) lors de leur migration et de leur reproduction.
L’entretien de la végétation sur le pourtour des lagunes est assuré en partie par un troupeau de caprins, de race « chèvre des fossés », solution alternative au désherbage chimique.
Si cet aménagement est globalement une réussite dans le sens où il a permis d’augmenter la biodiversité, ce type de réalisation nécessite toutefois certaines précautions. Ainsi, l’accès autour des lagunes est limité aux personnels techniques afin d’offrir des zones de tranquillité pour l’avifaune.
L’ensemble des marais autour du lagunage a été mis en réserve de chasse et les activités de loisirs sont concentrées sur certains secteurs.
Pour arriver à ce résultat, une concertation est indispensable entre l’ensemble des acteurs intervenant sur le site. Pour cela, un comité de gestion est en place depuis la création du lagunage. Un plan de gestion a été réalisé et une réunion est organisée chaque année pour en faire le bilan, pour définir et planifier les actions à mener.
Le projet de la station de lagunage, exemple d’une zone humide artificielle à forte valeur « biodiversité », a été le moteur de la préservation des marais de Rochefort, favorisant ainsi la biodiversité aux portes de la ville.