Témoignage

« Mes vaches, elles sont dans l’eau jusqu’au 15 juillet. »

 

Espaces naturels n°35 - juillet 2011

Le Dossier

Michel Coudriau
Agriculteur

 

Pour nous, agriculteurs, un niveau d’eau acceptable devrait nous permettre de faire pâturer nos bêtes six mois par an. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Mes vaches sont dans l’eau de la mi-juin jusqu’au 15 juillet. Le pâturage est difficile et la qualité du foin s’en ressent : certaines plantes comme l’agrostis ont disparu au profit de plantes hydrophiles tel le carex.
En 1996, un arrêté ministériel avait restreint la période d’exondation à quatre mois. C’était si peu qu’en 2001 les agriculteurs se sont rebellés. Un médiateur a été nommé. La fédération des chasseurs, les pêcheurs, la SNPN et les agriculteurs se sont mis d’accord et la période a été prolongée d’un mois, mais il nous faudrait un mois de plus pour améliorer la qualité de fourrage. Les gestionnaires de la réserve pourraient nous suivre mais les pêcheurs professionnels ne sont pas d’accord. On les comprend, ils n’ont pas les mêmes intérêts.
Le consensus de 2001 a tout de même permis que les acteurs se parlent et les choses ne sont pas figées. Nous sommes dans une phase d’expérimentation scientifique qui devrait nous permettre de connaître l’impact de la gestion des niveaux d’eau sur les prairies du pourtour du lac. Il va nous falloir également accepter de traiter la question d’une régulation plus naturelle des niveaux d’eau. Sont-ils aujourd’hui trop précis et réguliers ?