>>> Réserve naturelle de Chérine

Moins de sangliers après l’intervention d’archers

 

Espaces naturels n°12 - octobre 2005

Gestion patrimoniale

Éric Male-Malherbe
Réserve de Chérine

 

Déranger les populations de sangliers. Les faire fuir vers des terrains riverains dans lesquels ils sont soumis à la chasse. Méthode et résultats…

Un suivi des populations de sangliers a été réalisé sur la Réserve naturelle de Chérine (Indre) du 19 août 2004 au 12 mars 2005. Cette opération a consisté à dénombrer les individus présents en soirée (l’heure qui précède le coucher du soleil) depuis un poste fixe (l’observatoire de la queue de l’étang Ricot), au rythme d’une visite minimum par semaine. Trente-neuf séances ont ainsi été effectuées. Des observations complémentaires proviennent de l’ensemble de la réserve.
Il faut souligner que ce suivi n’a pas permis de recenser tous les sangliers présents lors de chaque visite. Les chiffres, non exhaustifs, ne restituent donc qu’une partie des effectifs. On peut estimer que 10 à 50 % des individus n’ont pas été comptabilisés, selon les soirées.
Parallèlement à ce suivi, dix interventions de régulation ont été confiées à l’Associa-tion des chasseurs à l’arc Berry-Brenne. Cette pression spécifique, discrète et soutenue visait à déranger régulièrement les populations de sangliers, les repoussant ainsi vers les fonds riverains dans lesquels ils sont soumis à la chasse.
Le bilan est positif
Les effectifs ont beaucoup fluctué, notamment en fonction de la pression de dérangement dans les propriétés voisines. En effet, en cas de chasse ou battue les sangliers se replient dans la Réserve qui leur sert de zone de refuge.
Cependant, grâce aux battues réalisées par les chasseurs à l’arc, et après deux périodes d’augmentation correspondant à une pression de chasse importante sur l’ensemble de la Brenne, la population de sangliers dans la Réserve a globalement diminué.
Sans ces interventions, les sangliers auraient très certainement été présents en permanence et en plus grand nombre. Ainsi, les gestionnaires ont pu constater qu’après chaque intervention, les effectifs mettaient plusieurs jours à se reconstituer sur le site et qu’ils n’y stationnaient plus aussi longuement.
Quelques difficultés ont toutefois été
rencontrées dans l’organisation de ces opérations :
- faute de volontaires, il n’a pas toujours été possible de réunir un nombre suffisant de traqueurs (rabatteurs). Il a donc fallu faire appel à des chiens de petits pieds1 pour les dernières battues (entre deux et dix chiens sous la conduite de deux à quatre personnes en fonction des sorties) ;
- le dérangement des oiseaux (canards…) a été assez important, notamment sur l’étang Ricot. Ceux-ci cependant regagnaient rapidement le site après chaque intervention.
Malgré ces difficultés, le bilan est positif : les opérations de dérangement ont été efficaces et, à la mi-mars, les guetteurs n’ont observé qu’une dizaine d’individus sur la Réserve, contre une trentaine en début de saison.

1. Chiens courts sur pattes, type basset.