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Les matériaux

 

Espaces naturels n°6 - avril 2004

Le Dossier

Roland Jaffuel
Parc national des Cévennes

 

Multiplicité de matériaux, de résistance, de prix… Comment s’équiper, avec quels avantages ?  Roland Jaffuel fait l’inventaire.

Parlons tout d’abord du domaine routier et autoroutier, nous aborderons plus tard la signalétique en espaces naturels. La signalétique (panneaux + supports) implantée sur les voies (ou à proximité) des voies routières est essentiellement constituée de tôles d’aluminium et d’acier recevant des films et lettrages en vinyle adhésif. Elle doit être certifiée par l’Asquer (Association pour la qualification des équipements de la route) mandatée par l’Afnor selon une procédure qui ne laisse au commanditaire que le choix du fournisseur et de la qualité dans la gamme qu’il lui présente.
En effet, c’est le fabricant qui présente les produits de son catalogue pour certification. Celle-ci est donnée sur la base de critères techniques prenant principalement en compte la résistance physique des mâts et des panneaux au vent, mais aussi la résistance des couleurs exposées aux rayons ultra-violets. Lors de la tempête de 1999, par exemple, on s’est rendu compte qu’il fallait revoir les critères de résistance au vent ; de nombreux panneaux ayant été déformés par des rafales de plus de 150 km/h.
Quelques fabricants français se partagent un gros marché très concurrentiel. Dès que vous avez une commande d’une dizaine ou plusieurs dizaines d’unités à passer, vous avez intérêt à vous rapprocher des services techniques des départements qui attribuent tous les trois ans le marché départemental de la signalétique de leur réseau routier, après une procédure d’appel d’offres public. Les tarifs proposés par les fabricants peuvent présenter des rabais jusqu’à 60 % du prix catalogue ! Une négociation, voire des regroupements de commandes, peuvent vous faire réaliser de grandes économies.
Différenciez
le support et le visuel
Dans les domaines plus spécifiquement liés aux équipements en espaces naturels, notamment la signalétique de randonnée, d’interprétation et l’information touristique, le commanditaire a un choix très large de matériaux utilisés seuls ou combinés entre eux. Le papier - l’aluminium brut, anodisé - l’acier galvanisé, laqué - le cuivre - le bronze - la pierre - le vinyle - le polychlorure de vinyle (PVC), le plus souvent expansé - le bois massif, aggloméré, contreplaqué, latté - le verre - le polycarbonate - le polymétacrylate de méthylène (PMMA) - le polystyrène (non expansé) - le polypropylène alvéolaire - le stratifié - la lave émaillée - les composites (aluminium + bakélite, etc…) - la pierre - le béton…
Pour effectuer un choix il faut distinguer le matériel utilisé pour le mobilier support et pour le visuel lui-même.
Le mobilier support (piétements, poteaux, tables à plan incliné, massif en pierre, en béton…) doit présenter des caractéristiques de résistance au vent et, en fonction de son implantation, de résistance au vandalisme, mais aussi se faire le plus discret possible et avoir une bonne tenue dans le temps.
Si la longévité de la pierre, du béton et des métaux est avérée, le bois n’est pas sans poser quelques problèmes parfois mal évalués (déformation, fentes, vrillage, changement d’aspect par manque d’entretien…). Pour cette raison, on utilise préférentiellement du bois traité en autoclave avec des produits fongicides qui permettent de garder un aspect gris-vert constant pendant une bonne dizaine d’années.
Pour ce type de traitement, dit classe IV, la réglementation va interdire, à partir de juin 2004, l’usage du chrome et de l’arsenic qui faisaient partie de la composition du CCA (chrome, cuivre, arsenic).
Les nouveaux produits de traitement autorisés à partir de juin 2004 sont déjà disponibles sur ce marché, exemple : Tanalith E (acide borique, hydroxide carbonate de cuivre, tebuconazole) - Wolmanit CX 10 (acide borique, carbonate de cuivre, bis N cyclohexyldiazeniumdioxy).
Au-delà de ses qualités techniques, le choix des matériaux supports doit tenir compte des caractéristiques paysagères du site d’implantation (minéral, forestier, peu ou pas artificialisé…).
Pour le visuel. Le panneau de la surface de marquage (texte et dessin) doit surtout résister à l’agression des rayons ultra-violets, à l’abrasion volontaire (rayures) ou naturelle (poussière, sable) et pouvoir être nettoyé sans altérer les couleurs en cas de tags.
Il doit présenter un faible coefficient de déformation pour résister aux changements de température parfois extrêmes qui provoquent dilatations et retraits faisant vieillir la structure même du matériau ainsi que les encres, pigments et autres lettrages adhésifs.
Faites votre choix
La lave émaillée a fait ses preuves de longévité depuis près de deux siècles. C’est un matériau haut de gamme, assez cher (de 1 000 à 1 500 euros le m2) et lourd qui nécessite une mise en œuvre soignée et n’est pas autoporteur. Les plaques de lave émaillée, assez cassantes, doivent être solidarisées sur toute leur surface à un support stable. Pas de contrainte pour les quantités commandées.
Le stratifié à usage extérieur est composé d’autant de couches de papier kraft enduites de résine phénolique qu’il faut d’épaisseur au produit fini (10 à 20 mm en principaux usages). La dernière couche de papier qui reste visible est imprimée soit en sérigraphie, soit avec des systèmes à jet d’encre dont le secret est jalousement gardé par les fabricants. La principale difficulté réside en effet dans la fixation des pigments pour une bonne résistance aux UV . L’ensemble est mis sous presse à haute température, ce qui donne un matériau compact, dense, présentant un aspect sobre et élégant. Ce matériaux autoporteur n’a finalement besoin que d’un support d’ancrage au sol ou peut être fixé facilement sur des murs. Peu sensible aux variations de température, il n’aime pas les ambiances trop humides à caractère tropical (moisissures, dilatation).
Le manque de recul ne permet pas encore de valider sans faille une garantie décennale des couleurs en impression jet d’encre, mais ce matériau présente des caractéristiques qui le désignent comme un matériau d’avenir.
Il faut noter un certain manque de souplesse dans les quantités de commande. Les plaques pressées faisant 2 à 3 m, il faut souvent regrouper les commandes pour remplir une plaque. Le prix au m2 varie entre 350 et 700 euros.
Encore peu de fabricants de ce matériau pour usage en extérieur :
– Print France à Chambéry (Savoie) commercialise le Material Exterior Grade (MEG) produit par Abet laminati en Italie ;
– La Dauphinoise d’application des plastiques à Saint-Martin-le-Vinoux en Isère ;
– Formica France à Quillan dans l’Aude produit maintenant un stratifié d’extérieur après s’être longtemps cantonné dans les usages en intérieur (plaquages de meubles de cuisine et panneaux de wagons SNCF, RATP…).
Le marché de la signalétique en espaces naturels est en expansion, on devrait observer une évolution du nombre de fournisseurs de stratifié.
Autres matériaux
Les polymétacrylates de méthylène (PMMA) plus connus sous leur nom de marque (altuglas, plexiglas…), matériaux transparents qui reçoivent alors des films en vinyle adhésifs ou de la sérigraphie. Leurs caractéristiques physiques et leur aspect sont de bonne qualité. En panneaux de grande surface (1 m2 ou plus) et compte tenu du prix, on préférera limiter leur épaisseur à 8 ou 10 mm et les monter sur un support autoporteur (bois, par exemple), car leur prix augmente sensiblement avec l’épaisseur. Il faut compter de 150 à 350 euros le m2.
La tenue des marquages dépend plus de la qualité des films en vinyle et des encres de sérigraphie ou d’impression à jet d’encre. Elle peut souvent être garantie pour trois à cinq ans, rarement plus.
Les polycarbonates, transparents aussi et incassables, présentent des caractéristiques assez semblables, mais avec une moindre résistance aux rayures pour un coût comparable.
L’aluminium en plaques de faible épaisseur (1 à 2 mm) peut recevoir des marquages en couleur du plus bel effet, mais n’étant pas autoporteur, il faut prévoir un support et la couleur de fond reste celle de l’aluminium !
Les polychlorures de vinyle (PVC) expansés très utilisés en intérieur en panneaux d’exposition et d’information ne sont pas vraiment recommandables en extérieur en terme de durabilité.
Le marquage provisoire
a aussi ses matériaux.
La durée de vie d’un panneau peut aussi être limitée volontairement, elle devient alors un critère de choix qui va orienter vers des matériaux moins chers. Le contreplaqué « marine » laqué sur lequel on peut peindre, coller du vinyle adhésif… et le PVC expansé de faible épaisseur (3 mm) qui reviennent à moins de 30 euros le m2.
Le polypropylène alvéolaire de 5 mm, structuré comme un carton d’emballage, est souvent utilisé pour des balisages provisoires d’une journée, d’une semaine. Très léger, il peut aussi bien être marqué avec un feutre que des lettres en vinyle adhésif pour un coût de moins de 15 euros le m2.