Gestionnaire et prestataire

Faire un bout de chemin ensemble

 
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Espaces naturels n°6 - avril 2004

Le Dossier

Mathieu Rocheblave
Parc naturel régional du Vercors
Pascal Gobel
Architecture et Territoire
 

Confronté à un foisonnement d’initiatives dans le domaine de la signalétique, le Parc naturel régional du Vercors souhaitait harmoniser les panneaux apposés sur son territoire. Pour orchestrer l’information offerte aux visiteurs et améliorer l’organisation de la fréquentation, il décide de faire appel à un conseil extérieur : « Architecture et Territoire ». Le travail en commun a vu le jour en 1992, il s’est poursuivi avec une quasi-continuité jusqu’à 1998. Le bilan de cette coopération est fortement positif.

En effet, la mise en œuvre d’un plan signalétique réclame des moyens et compétences difficilement mobilisables en interne. Or, « Architecture et Territoire » a pu suppléer à cette absence d’aptitudes. Par ailleurs, la coopération a permis d’avancer plus vite dans la mesure où des savoirs complémentaires ont été mis en commun. Cette coopération a également permis un regard extérieur, le Parc ayant bénéficié d’une expérience acquise sur d’autres territoires.
• Autre point positif, un transfert de compétences s’est opéré vers l’équipe du Parc. 
Née de l’appropriation des concepts et méthodes, une culture commune à l’équipe du Parc s’est concrétisée au fur et à mesure du cheminement. Elle a été déterminante car, sans elle, il eût été difficile d’animer, par la suite, l’ensemble de la démarche.
• Par ailleurs, le prestataire, lui-même, a pu peaufiner ses acquis. Ayant pu réfléchir aux méthodes et outils spécifiques à l’organisation des déplacements en espaces naturels, il a fait bénéficier d’autres espaces naturels de ses compétences enrichies. Aujourd’hui, les deux autres départements sur lesquels est situé le PNR Vercors ont repris le même principe de signalétique, permettant une harmonisation pertinente pour l’usager.
Et dans les faits,
cela donne quoi ?
À partir de l’expérience croisée des deux protagonistes, la méthode suivie fut la suivante :
• Définir les grands principes auxquels doit répondre la mise en place du mobilier. Ici cinq principes ont été retenus. La signalétique devait : 1) être performante pour les différents types d’information ; 2) faciliter au maximum la gestion ; 3) être simple, d’une lecture efficace, intégrée dans l’environnement et utilisant la toponymie locale ; 4) faciliter les déplacements tout en donnant aux utilisateurs liberté et autonomie ; 5) répondre à des exigences de forme sans omettre les contenus mais également les méthodes de mise en œuvre.
• Appliquer ces principes, en les respectant sur chaque type d’information à traiter. Ainsi, par exemple, pour la signalétique de promenade et de randonnée, les panneaux directionnels, les panneaux d’accueil ou ceux d’information au départ du réseau utilisent la toponymie locale comme système de repérage et d’orientation.
• Rechercher l’adhésion des acteurs locaux qui avaient, par le passé, réalisé des actions dans le domaine concerné. Ainsi les élus locaux, les offices de tourismes, les associations de promenade et de randonnées, les accompagnateurs, l’ONF ont été associés. Des comités d’usagers ont été organisés à l’échelon de chaque commune. Il faut souligner que ce consensus a permis d’améliorer l’appropriation de la signalétique et une minoration importante du nombre de panneaux détruits. Ce travail, lourd (au moins trois réunions par commune), apparaît indispensable.
• Tester la signalétique, à la fois pour permettre aux usagers de se l’approprier et pour l’améliorer. Concrètement, une commune fut totalement équipée avec le système retenu. Sur le terrain, des gardes ont alors mené des enquêtes de satisfaction. Lors d’une réunion, les usagers ont ensuite analysé ces résultats. Progressivement d’autres secteurs ont été équipés avec quelques petites adaptations. Depuis 1996, quarante-cinq communes ont été équipées.
• S’intéresser à la problématique de la gestion et de l’entretien. Y associer le personnel. Ici, le mobilier choisi est garanti dix ans, ses dimensions sont standardisées, quant aux procédures de mise en œuvre et d’entretien, elles ont été définies avec le personnel technique en charge de cet entretien.
• Traiter les documents de valorisation en cohérence avec la signalétique. Une collection de carto-guides qui utilisent et valorisent la signalétique directionnelle a été développée avec le même prestataire.
Des leçons et des pièges
Dix ans après la mise en place de ce système de signalétique, il n’y a pas eu de vieillissement du concept. Précurseur à l’époque, il est aujourd’hui largement repris par d’autres territoires. Seule, l’évolution de la réglementation dans le domaine de la signalétique routière a conduit à revoir la charte signalétique. Mais s’il faut tirer les leçons de l’expérience :
• attention à rester simple. En effet, à vouloir prendre du temps pour construire une démarche, on finit par trop intellectualiser, il devient alors difficile de s’adapter aux contraintes du terrain et à la demande simple des acteurs.
Puis également ce bémol : l’amélioration de la signalétique a permis un meilleur accès aux espaces naturels. Ce que nous souhaitions. Mais nous n’avions pas voulu, la pénétration du milieu par les véhicules motorisés.
Ajoutons encore pour conclure que :
• la construction d’une charte signalétique est le fruit d’une longue démarche, elle suppose une communication constante auprès des acteurs locaux pour que ne se perdent pas, au fil du temps, ses principes fondateurs. En deux mots : il faut toujurs continuer à faire vivre la démarche…