L’emploi rural écologique a de l’avenir

 

Espaces naturels n°17 - janvier 2007

Le Dossier

François-Xavier Nicot
ONF Rhône-Alpes

Nul doute : les contrats Natura 2000 représentent un atout important pour les territoires ruraux. L’expérience menée en région Rhône-Alpes ne contredira pas ces dires. Ainsi, au cours de l’année 2005 et dans le cadre du programme Life Nature et Territoires, trois organismes (l’Office national des forêts, l’Union régionale des communes forestières de Rhône-Alpes et la Diren) ont uni leurs forces pour développer un appui auprès des communes forestières et dynamiser l’utilisation de l’outil contrat Natura 2000 dans les forêts publiques. Il s’agissait par ce biais, de prendre en compte la conservation des habitats dans le cadre d’un développement durable des territoires.
In fine, douze contrats Natura 2000 ont été élaborés. Que les contextes soient différents (forêts communales, domaniales, départementales et privées), tous engagent pour cinq ans l’État et les bénéficiaires. Ils permettent aux propriétaires de réaliser des opérations visant à restaurer ou conserver des habitats naturels dans des conditions techniques et financières assurées par l’Europe et le ministère de l’Écologie. Ils représentent un montant d’opérations de 335 000 euros en cinq ans à mettre en œuvre sur les 450 ha de forêts concernés1.
Pour les territoires ruraux, ces contrats Natura 2000 constituent une chance. La forêt joue de nombreux rôles dans les territoires : production de bois, maintien des sols et protection contre les risques naturels, paysage et fonction sociale d’accueil du public, conservation de la biodiversité, stockage des gaz à effet de serres… Or, depuis de nombreuses années, la valeur ajoutée de la matière première bois ne peut plus assumer seule le poids financier exigé pour répondre à l’ensemble des objectifs non-marchands de la forêt. Cette rupture a été confirmée depuis la tempête de 1999 et la chute des prix du bois.
L’outil technique et financier « contrat Natura 2000 » propose une solution
partielle à cette situation de blocage
puisqu’il reconnaît et finance le rôle de conservation de la biodiversité joué par la forêt en intervenant par le biais de crédits européens et nationaux (sous certaines conditions : site Natura 2000, habitats naturels d’intérêt communautaire).
Cette nouvelle organisation oblige le monde forestier à repenser fondamentalement le sens de ses actions et à considérer que les interventions ne sont plus principalement dédiées à la production de matière première mais qu’elles consistent, aussi, à favoriser le développement de la biodiversité. Notons d’ailleurs qu’en finançant cette démarche, le citoyen européen reconnaît par là les rôles multiples de la forêt.
Autre atout : ces actions font appel à la main-d’œuvre rurale qui intervient
traditionnellement dans les milieux agricoles et forestiers. Moyennant un encadrement technique leur permettant d’appréhender les exigences écologiques, les mêmes personnes peuvent donc continuer à exercer leur travail.
Ainsi, les contrats Natura 2000 permettent aux territoires ruraux de participer activement à l’effort de conservation de la biodiversité, dans un cadre économique fiable reconnu par la société et en favorisant l’emploi rural traditionnel. Ils confortent le développement durable des territoires. L’expérimentation rhône-alpine de 2005, générant 335 K euros de chiffre d’affaire, représente, à elle seule, l’équivalent de deux emplois à plein-temps d’ouvriers agricoles pendant cinq ans. Les perspectives d’engagements financiers de l’Europe, de l’État et des collectivités pour la période 2007-2013 autorisent les gestionnaires et propriétaires à envisager le confortement et le développement du système pour les années à venir. L’emploi rural à orientation écologique a de l’avenir.

1. Les treize familles d’opérations réglementairement éligibles ont été arrêtées au cours de l’année 2005, par une circulaire interministérielle puis un arrêté préfectoral de région précisant les modalités techniques et financières adaptées au contexte régional (circulaire DNP/SDEN 2004-3 et DGFAR/SDSTAR C2004-5046 du 24/12/2004 – Arrêté préfectoral de la région Rhône-Alpes n° 05-334 du 27/07/2005).