Santé humaine – santé animale

Au cœur de la surveillance sanitaire des écosystèmes

 

Espaces naturels n°63 - juillet 2018

Le Dossier

Depuis les années 2000, estimant qu’environ 60 % des maladies émergentes seraient d’origine animale, les organisations internationales (FAO, OIE, OMS(1)) prônent une approche globale des risques sanitaires, aux interfaces « être humain-animal-nature ».

Découverte d'un cadavre de Vautour fauve dans le cadre de la surveillance événementielle.

Découverte d'un cadavre de Vautour fauve dans le cadre de la surveillance événementielle.

 

Parmi les réseaux français de surveillance sanitaire de la faune sauvage, le réseau SAGIR2 joue un rôle essentiel depuis les années 1980, s’attachant à la détection de signaux anormaux de mortalité chez les mammifères terrestres et les oiseaux sauvages, principalement dans les zones rurales. Réseau généraliste national de surveillance événementielle, SAGIR vise principalement la détection précoce de problèmes de santé dans les populations animales sauvages. Son champ d'action est intersectoriel et recouvre à la fois les domaines de la santé de l'environnement, de la santé animale et de la santé publique. Il repose sur la collaboration entre l’ONCFS et les fédérations de chasseurs (nationale, régionales et départementales). Il s’appuie, pour le diagnostic, sur les laboratoires départementaux d’analyses vétérinaires, les laboratoires de référence et plusieurs laboratoires spécialisés. La force de SAGIR tient en partie à l'intervention de professionnels de la nature, à la mise en œuvre d'un diagnostic interdisciplinaire, à l’harmonisation des protocoles et la centralisation des données recueillies dans une base de données unique (Epifaune). Elle tient également à l’importance de sa couverture spatiale et à la diversité des espèces surveillées (susceptibles de subir l’apparition de maladies émergentes), même si les espèces d’intérêt cynégétique restent majoritaires.

SAGIR s'articule notamment avec un autre réseau de surveillance, le réseau « sentinelle sanitaire », complémentaire à la fois du point de vue des espèces et des territoires surveillés. Initié par les parcs nationaux en 2015 (et qui s’élargit à d’autres réseaux d’espaces protégés), «  sentinelle sanitaire  » aborde plusieurs segments de la détection et de la maîtrise des risques sanitaires, pour garantir la coexistence de la faune sauvage avec certaines activités humaines (pastoralisme, pêche, chasse, etc.) et préserver les équilibres naturels. Il fonde son action sur trois piliers : améliorer la connaissance des maladies de la faune, organiser la surveillance sanitaire et gérer les risques (« bonnes pratiques », biosécurité). En partenariat avec l’AFB, l’ONCFS et VetAgro-Sup, il s’inscrit dans un cadre interministériel et interdisciplinaire. Ses priorités : harmoniser les protocoles de surveillance et de suivi sanitaires, partager les référentiels et outils de gestion et de bancarisation des données, renforcer la connaissance sur les maladies à enjeu pour la conservation et la Santé publique, structurer les liens entre recherche et territoires et construire avec les acteurs socio-professionnels une culture commune de la gestion des risques liés à la faune sauvage. Entre autres, les informations collectées sur les zoonoses peuvent permettre la mise en œuvre de mesures de biosécurité ou contribuer à la prévention des risques professionnels pour les agents des espaces protégés. Sa valeur ajoutée  : une forte pression d’observation organisée sur des spots de biodiversité ; une gestion intégrée du risque respectueuse de la biodiversité, de la connaissance à la mise en œuvre de mesures de biosécurité, et une capacité à la médiation et à une acculturation au risque acceptable. 

(1) Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, Organisation mondiale de la santé animale, Organisation mondiale de la santé.

(2) bit.ly/2HfJC8Z