L’ambroisie, fléau sanitaire et botanique
Espaces naturels n°63 - juillet 2018
De 2008 à 2013, le développement de l’ambroisie dans le lit de la Drôme a été efficacement contenu au sein de la Réserve naturelle nationale (RNN) des Ramières grâce au pâturage ovin. Une expérience positive, interrompue faute de crédit.
L’ambroisie est un fléau sanitaire du fait de son pollen allergisant, qui provoque rhinites, conjonctivites, asthme. Jusqu’à 21 % des habitants des zones qui y sont fortement exposées en souffrent, soit près de 300 000 personnes en Rhône-Alpes. La réserve des Ramières, créée en 1987, l’a vue apparaître dans les années 1990, colonisant les bancs de galets nus du lit très large de la rivière Drôme. Le stock de graines présent dans les galets augmentant au fil des ans, l’éradication de la plante est aujourd’hui impossible, aussi est-il nécessaire d’intervenir annuellement. L’administration responsable1 rappelle régulièrement qu’elle ne dispose pas des moyens financiers pour assurer la lutte. Par défaut, la communauté de communes du Val de Drôme, gestionnaire de la RNN, a mis en place - sur financement de crédits de l’État pour Natura 2000 et de son propre budget - une méthode biologique de lutte à l’efficacité prouvée. Entre 2008 et 2013, un éleveur local a été payé 100 euros par ha pour faire pâturer un troupeau de 300 brebis, conduit par un berger, entre le 15 juillet et le 15 août, sur 70 ha. Cela a donné de très bons résultats, plébiscités par les riverains, avec une destruction d’environ 80 % des fleurs mâles d’ambroisie. Mais la fin du « contrat Natura 2000 », en 2014, n’a pas permis de poursuivre l’expérience. Pourtant, depuis avril 2017, suivant un décret du code de la santé publique (cf. encadré), l’ambroisie est considérée comme nuisible pour la santé, et son développement doit être combattu.
Depuis lors, bien qu’ayant de bonnes relations avec l’Agence régionale de santé, la RNN n’a pu obtenir les crédits nécessaires au maintien du pâturage. L’ambroisie se développe donc sur son territoire, tandis que les agriculteurs parviennent généralement à la maîtriser. L’abandon du pâturage est mal ressenti au niveau local, une manifestation ayant même été organisée en février 2018 face à l’inaction des services publics, devant la maison de la RNN des Ramières. Il serait opportun que les services de l’État, ses établissements publics et la collectivité territoriale agissent en synergie, tant au niveau du financement que de la communication auprès des acteurs locaux. Rappelons que, rien qu’en Rhône-Alpes, le coût des allergies à l’ambroisie est évalué à plus de 11 millions d’euros annuels.
(1) La DDT est le gestionnaire du lit de la Drôme, rivière domaniale de l’État.