Camargue-delta du Rhône

Ne pas faire le label de trop

 

Espaces naturels n°48 - octobre 2014

Le Dossier

Régis Vianet
directeur du PNR de Camargue

 

Quand on veut soutenir l’activité sur un territoire, tout en encourageant l’amélioration des pratiques, le signe de reconnaissance peut être une solution. Mais attention au contexte. Le PNR de Camargue évolue sur une zone où ils sont très présents, et doit s’adapter. Quant aux parcs nationaux, ils se lancent tout juste dans la démarche.

Jusque dans les années 90 les socio-professionnels, sans effort particulier, bénéficiaient d’un retour d’image positif de leur territoire, qui valorisait ainsi assez naturellement leurs produits, leurs services et leur savoir-faire au regard d’un nombre grandissant de consommateurs. Depuis, nous constatons le besoin de faire savoir plus encore que la Camargue est en capacité d’améliorer ses pratiques. Cela passe, selon nous, par des signes, marques ou labels, d’autant que l’économie positionne aujourd’hui chaque acteur économique au coeur de son territoire et de ses atouts. En 2012, sont recensées 30 démarches qualités dans le delta du Rhône montrant une forte reconnaissance des engagements pris pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. Ces démarches ont également pour finalité de garantir sur le long terme le « capital image » de la Camargue face à une société de plus en plus sensibilisée sur les enjeux liés aux effets d’une économie consommatrice des ressources et de transformation des paysages. Labels, chartes, marques, certifications couvrent tous les secteurs d’activités.

Quant aux labels, ils sont très présents en Camargue. Au nombre de 21 à ce jour, ils concernent plus particulièrement l’activité agricole, le tourisme, et le patrimoine. On citera, l’AOP viande de taureau de Camargue apparue en 1996, et l’IGP riz de Camargue en 1998, qui tous deux portent l’existence d’un territoire vraiment original. Le visiteur et le consommateur peuvent ainsi être « rassurés » quant aux efforts menés par les producteurs et les prestataires de services qui commencent à intégrer la nécessité d’avoir durablement des pratiques précautionneuses pour maintenir la qualité environnementale et culturelle ancrée dans l’image que ce territoire véhicule. L’entrepreneur engagé dans un label doit répondre à des critères normatifs qui puissent être mesurables directement. Le label garantit plus, le maintien de la spécificité du produit ou du service proposé qu’une approche intégrée en lien avec l’ensemble des composantes du territoire.

Depuis les années 2010, la Camargue s’est engagée dans des démarches de progrès. Celles-ci consistent à positionner l’opérateur socio-économique au coeur des enjeux croisant la normalisation des pratiques (marques, labels) à celle d’engagements sur les volets du développement durable (environnement, économie, social). Ainsi la charte européenne du tourisme durable du PNR de Camargue, celle des ambassadeurs du patrimoine du syndicat mixte de protection de la Camargue gardoise, et celle des éco-acteurs de la réserve de biosphère de Camargue sont des procédures nouvelles qui placent le producteur, le prestataire de service, dans une démarche permanente de progrès, favorisant les échanges d’expériences entre les bénéficiaires.

Ces approches intègrent les volets respect de l’environnement, qualité de la prestation et ou du produit, sensibilisation et valorisation au territoire. Chacun pouvant, quel que soit le niveau de progrès déjà atteint, entrer dans le dispositif pour autant qu’il montre une volonté de progresser dans ses pratiques. Ces nouvelles démarches sont adaptatives, évolutives et basées sur le volontariat, les cahiers des charges garantissent une forme de souplesse permettant une déclinaison individuelle sur la base d’un diagnostic et d’un programme d’actions personnalisé. Ainsi en Camargue le nombre de socio-professionnels engagés, plus d’une centaine à ce jour, dans ces différentes démarches de progrès démontre le besoin d’une reconnaissance et d’une valorisation des efforts engagés au travers des signes de qualité plus « traditionnels » (AOP, BIO, IGP, Gîte de France, Clef confort…). C’est le cas notamment des professionnels du tourisme qui pour certains bénéficient de marques (Gîtes de France, Accueil Camargue…) et sont engagés et reconnus charte européenne du tourisme durable et souhaitent obtenir la marque « Accueil du Parc naturel régional de Camargue ». C’est encore le cas du gestionnaire du port des Saintes- Maries-de-la-Mer qui est engagé dans la démarche Ports propres et qui est volontaire pour intégrer la charte des éco-acteurs de la réserve de biosphère de Camargue. Enfin les agriculteurs pourront cumuler signes officiels d’origine (AOP, IGP, BIO…), marque Parc (aujourd’hui sur le vin, la pomme de terre des sables, l’accueil dans les élevages de taureaux), avec la charte européenne du tourisme durable ou encore intégrer le réseau des éco-acteurs de la réserve de biosphère. Il y a donc une complémentarité souhaitée et vécue par les candidats, se traduisant par une volonté, de cumuler ces différents signes, mais au final, le résultat est-il lisible pour le consommateur ?