Gestionnaires, donnez l’impulsion

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Édito

Serge Revel
Vice-président du conseil général de l’Isère chargé de l’environnement

Il est des pratiques qui sonnent comme des évidences. Pour les gestionnaires d’espaces protégés, le fauchage tardif, le respect des périodes de nidification, la non-utilisation de bois exotique, la création de zones de tranquillité ou encore l’arrêt des pesticides sont autant d’usages qui apparaissent tels des postulats, aujourd’hui intégrés dans leur gestion quotidienne.
A contrario, et même si les trames vertes et bleues, les nappes phréatiques, la qualité de l’air, les pollutions lumineuses deviennent une préoccupation, peu d’acteurs se sont encore réellement intéressés aux questions liées à la biodiversité. Ce double constat interpelle.
Est-ce un fossé ? Non, c’est une force !
Une force que nous devons utiliser. Les milieux naturels dont nous avons la responsabilité deviennent des espaces d’expériences favorables à la nature ordinaire.
Partage tout d’abord des protocoles de travail pour lesquels les gestionnaires ont beaucoup à transmettre et qui pourraient être proposés sur d’autres territoires, autour d’autres thématiques (tel le plan départemental des espaces, sites et itinéraires dont il est question dans ce numéro et que l’Isère expérimente).
Nous avons tous à y gagner. Ainsi, une déclinaison de la méthodologie des plans de gestion à l’échelle intercommunale et communale permettrait de définir des objectifs communs et d’assurer une cohérence entre les différents documents de planification (plan local d’urbanisme, plan d’aménagement forestier…). Parce qu’elle harmonisera les initiatives favorables à la biodiversité, cette méthode de travail favorisera la coordination, la cohérence et la gestion des actions concernant le maintien des corridors, la gestion différenciée des espaces verts, la limitation de l’urbanisation et des pollutions lumineuses…
Il faut donc montrer, démontrer, inciter. C’est d’ailleurs dans cet esprit que le conseil général de l’Isère soumet les subventions accordées aux communes à des critères d’écoconditionnalité (arrêt de l’usage des pesticides, économie d’énergie…).
Un contexte où les gestionnaires d’espaces naturels protégés sont force d’impulsion. Ils ont à partager leurs expériences et leurs compétences avec les gestionnaires d’espaces publics tels ceux des routes, espaces verts ou urbains. Un beau défi à relever dans le cadre de la stratégie nationale en faveur de la biodiversité.