Le club nature, aux sources de l’engagement citoyen

 
Entretien avec François Lenormand. Vice-président de la Fédération nationale des clubs Connaître et protéger la nature (CPN)1. Animateur du club CPN La Sittelle (76)

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Le Dossier

François Lenormand
Vice-président de la Fédération nationale des clubs Connaître et protéger la nature (CPN). Animateur du club CPN La Sittelle (76)

 

Jeune, je n’ai pas perdu mon temps : je me suis plongé dans la lecture d’une revue géniale que tous les amoureux de la nature connaissent bien : La Hulotte ! J’étais déjà très sensible à la nature et préoccupé par l’éducation des enfants, car j’étais animateur formé par les Francas de Haute-Normandie.
Un jour, La Hulotte a fait écho d’une idée éblouissante : créer un club Connaître et protéger la nature (CPN) ! J’ai aussitôt lancé La Sittelle. Mon club. Il fêtera ses trente ans l’an prochain… Aujourd’hui, nos petites Sittelles ont entre huit et douze ans et, tous les mercredis, nous les initions à la nature.
Point de cours ni de conférences en plein air. On joue, on apprend, on collectionne, on classe, on cherche, on découvre… Et on agit aussi, concrètement, pour « donner un coup de main » à la nature en plantant des arbres, en posant des nichoirs, en construisant des abris pour les insectes ou pour les hérissons, en creusant des mares…

À quoi cela sert ? Et puis je me suis posé la question : « À quoi ça sert, tout ça ? » La réponse se trouve en partie dans l’examen de ce que deviennent les jeunes issus des clubs CPN. Au minimum, il reste chez l’enfant une certaine sensibilité à l’environnement naturel. C’est déjà beaucoup. Au maximum, il poursuivra ses apprentissages jusqu’à, parfois, devenir expert. Des experts dont la société a besoin pour intervenir lors d’études ou de recherches.
Entre les deux cas, je situe le naturaliste amateur qui, comme moi, aime identifier un papillon ou va sur les sentiers. Dans cette catégorie, ajoutons ceux qui vont gonfler les rangs des associations naturalistes et les simples citoyens qui ont compris la nécessité de préserver la biodiversité et qui sont vigilants dans leurs comportements.
Et pour mon propre témoignage, l’éducateur nature « de base » que je fus tente aujourd’hui de toutes ses forces de promouvoir l’éducation à la nature sur le plan régional comme national.
Ainsi, au fil des années, j’ai pris conscience que la connaissance ne fait pas tout. Il faut avant tout développer chez l’enfant le goût de la nature, le goût du dehors. Lui donner l’occasion de recréer ce lien avec elle car il s’amenuise de plus en plus, au fil du temps.

La Culture de la nature. Le déclic en « faveur de la nature » passe par le fait d’activer la curiosité chez les enfants, de susciter leur soif d’apprendre, de leur donner l’envie d’agir en faveur d’un patrimoine commun et de s’engager dans des actions concrètes.
De plus en plus nombreux, nous observons une érosion de la connaissance naturaliste. Les meilleurs spécialistes nous alertent sur ce phénomène inquiétant. Il est urgent d’apporter aux enfants à la fois une sensibilité et une forme de connaissance de la nature.
C’est cela la Culture de la nature. Elle devrait occuper une place beaucoup plus importante dans l’éducation des enfants.
Ces dernières années, développement durable et réchauffement climatique tenaient le haut de l’affiche. Il semblerait que les différentes sphères éducatives aspirent aujourd’hui au retour d’une éducation à la biodiversité. Les grands réseaux d’éducation à l’environnement français se mobilisent en faveur de l’éducation à la nature. Je souhaite ce retour fulgurant, réel et efficace. •

1. Formateur concepteur d’outils pédagogiques au centre d’éducation
à l’environnement Cardere (76). • En savoir plus : www.fcpn.org • Le rôle des CPN. Interview vidéo de François Lenormand : http://bit.ly/rrQJtE