Les sciences participatives pour susciter la conscience environnementale

L’effet papillon, que du bonheur

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Le Dossier

Arnaud Greth
Président de Noé conservation

 

Les sciences participatives apportent plus que des données scientifiques. Elles permettent de renouer le contact avec la nature et interpellent notre mode de vie.

En 2006, l’association Noé conservation, en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle, lance l’Observatoire des papillons des jardins (OPJ). C’est le premier programme national de sciences participatives sur la biodiversité ouvert au grand public. Le principe est simple : des citoyens acceptent de compter les papillons de leur jardin dans le but d’améliorer les connaissances sur notre environnement de proximité.
Une partition jouée à deux : d’un côté, les scientifiques estiment que des données collectées par le grand public seront utiles à la connaissance  ; de l’autre, les environnementalistes défendent que cette implication volontaire doit favoriser une prise de conscience.

Un bilan vertueux. Côté science, chacun s’accorde à reconnaître la valeur du travail effectué par les amateurs. Il serait d’ailleurs impossible de payer des experts sur tout le territoire pour collecter cette masse de données.
Côté éducation, la démarche porte en elle un cercle vertueux. Les observateurs s’engagent naturellement dans un cheminement qui les amène à s’interroger et à modifier leurs habitudes.
Rien de plus naturel au demeurant : comment serait-il possible de s’extasier sur la beauté des papillons, de chercher à les identifier et, le lendemain, de pulvériser des pesticides pour tuer les pucerons ?
Les sciences participatives poussent à réfléchir !
D’ailleurs, certains observateurs adhèrent au programme « Jardins de Noé » qui leur donnent les clefs pour agir concrètement et devenir des éco-jardiniers1.
L’activité génère également la découverte du plaisir d’être naturaliste. C’est gai, un papillon, et il y a tant d’espèces à découvrir ! Le champ de la connaissance y est presque infini. Et c’est accessible à tous, petits, grands, en famille et dans son jardin ! Alors que notre société a perdu le contact avec la nature, les sciences participatives permettent de reconnecter le public à la nature de proximité et de faire évoluer les comportements en faveur de la biodiversité.

Motivations. Resterait à savoir ce qui motive les publics à s’engager ainsi au service de la science. Il y a bien sûr l’aspect ludique, le fait d’être en nature avec ses enfants, ses amis… mais est-ce suffisant pour expliquer l’engouement ?
Pourquoi, quelques heures après le lancement de l’Observatoire des papillons des jardins, des centaines de connexions saturèrent le serveur informatique de Noé conservation ? Difficile aujourd’hui d’aller au-delà du constat. Pourtant si l’enthousiasme ne se dément pas, le recrutement et le besoin de fidélisation des observateurs demandent un effort constant en termes de communication et d’animation.
Une thèse de recherche a été réalisée, avec le soutien du conseil régional d’Île-de-France qui s’intéresse à la question, pour mieux comprendre les observateurs et leurs motivations.
Les résultats nous permettront notamment d’affiner nos approches pédagogiques pour mieux répondre aux attentes des participants. •